Jean-Jacques Bonnie
Co-propriétaire & Co-gérant avec sa soeur Véronique Bonnie
En poste depuis 2003
Rencontré par Gerda au Château
Château Malartic Lagravière
Grand Cru Classé de Graves – Rouge & Blanc
Pessac-Léognan
Jean-Jacques Bonnie
Gerda : Parlez-nous de vous…
Jean-Jacques BONNIE : Je suis facile et convivial mais aussi réservé et sensible.
Gerda : Quels sont les principaux défis auxquels vous êtes confrontés personnellement, dans la pratique de votre métier ?
JJB : S’adapter aux évolutions climatiques, mais aussi faire connaître et appréhender ce magnifique terroir.
La vendange 2021
Gerda : Comment se sont passées vos vendanges?
Jean-Jacques BONNIE : Les vendanges de 2021 me font penser à un film Américain des années 80, L’Arme Fatale avec Mel Gibson. Le film commence avec une course poursuite, il y a beaucoup de suspens mais à la fin c’est le héro qui gagne. C’est exactement comme ce millésime. C’était stressant pour toute l’équipe. Il y avait une grosse pression sanitaire, l’été était chaotique mais tout s’est bien terminé.
Nous avons eu un petit peu de gel mais nous avons immédiatement enlevé les grappes qui ont été touchées. A la mi-véraison nous avons fait le même travail pour optimiser l’état de nos vignes. Nous avons fait le choix de commander une ligne X-tri juste avant les vendanges.(équipement qui permet le tri automatique de la vendange par la vision d’image – le but est d’enlever les particules indésirables). Cela nous a permis d’enlever 10 à 11% des baies les moins colorées.
Les cabernets sont superbes, peut-être mieux que 2020. Nous ferons nos assemblages avec Eric Boissenot fin janvier. Nous allons très probablement mettre davantage de cabernets dans nos Malartic. Dans les années 70, les cabernets représentaient 55% de l’assemblage. Aujourd’hui, nous tendons à nous rapprocher chaque fois plus de ces proportions ! Le merlot a moins de puissance cette année mais montre un joli fruit.
La marque Malartic Lagravière aujourd’hui et demain
Gerda : Quel(s) positionnement(s) souhaitez-vous pour votre/vos marque(s) ?
Jean-Jacques BONNIE : Nous voulons que Malartic Lagravière soit reconnu par la qualité exceptionnelle de son terroir. On vise l’excellence et notre terroir mérite d’être reconnu comme tel. Cela prend du temps car ils se passent beaucoup d’années entre la production d’un millésime et le moment où le consommateur le découvre dans le verre ! Je suis confiant.
G : En quoi vos vins se distinguent, et sont uniques ?
JJB : Par le côté salin, tendu et pur des vins.
G : Laquelle de vos réalisations récentes aimeriez-vous faire partager à la clientèle ?
JJB : Le changement de nom pour notre second vin : La Réserve de Malartic devient Le Comte de Malartic depuis le millésime 2019 ! Dans les années 90, l’ancien propriétaire du domaine avait donnée le nom de « Sillage« . Le nom n’a pas été beaucoup apprécié par la population anglophone. C’est pourquoi, en 2007, nous avons choisi le nom de Réserve de Malartic. Après longue réflexion, nous avons décidé de changer ce nom pour Le Comte de Malartic, qui nous semblait plus judicieux par rapport à l’histoire du domaine. Il fait, en effet, référence à l’ancien propriétaire de Malartic Lagravière au XVIIIème siècle.
G : Sur quels projets futurs travaillez-vous en ce moment ?
JJB : Nous travaillons sur plusieurs projets techniques comme l’éco-pâturage. Nous avons acheté 15 brebis qui seront menées par une bergère et des bergers … belges. J’ai même acheté une remorque pour transporter les brebis. Lorsqu’elles auront fini le travail dans la vigne, elles seront amenées dans le parc pour pouvoir brouter l’herbe.
Nous avons déjà 2 chevaux pour labourer une partie de nos vignes. Le but est d’intégrer les animaux à la propriété.
G : Où en est(sont) votre(s) propriété(s) en matière de « transition écologique » ?
JJB : Nous sommes certifiés HVE3, ISO 14001 et nous faisons les démarches pour être RSE (Responsabilité Sociétale des Entreprises).
Le commerce
Gerda : Quelles sont vos priorités en termes de développement commercial ?
Jean-Jacques BONNIE : Depuis 3 ans nous demandons les statistiques de ventes à nos partenaires négociants. C’est une source de surprises. Par exemple nous sommes moins distribués en Belgique que nous le pensions (la famille Bonnie est d’origine Belge). Nous sommes bien distribués dans le reste de l’Europe et en Suisse. L’Angleterre a commencé à nous regarder avec appétence et pour les Etats Unis et la Chine il y a certainement encore des progrès à faire. Mais l’essentiel est d’être distribué partout et c’est à nous de faire de notre mieux pour que la marque devienne forte et qu’il y ait une demande éclatée.
G : Prévoyez-vous des sorties commerciales ou mises en marché dans un futur proche ?
JJB : Non, nous vendons autour de 85% de notre récolte en Primeur. Je ne veux pas artificiellement augmenter le prix. C’est au marché de le faire.
Gerda : A quels millésimes le marché devrait s’intéresser ? et pourquoi ?
JJB : J’aime beaucoup le millésime 2014. Le vin a une puissance que l’on associe pas forcement à ce millésime. Il a beaucoup de fraîcheur et de pureté qui sont typiques de Malartic. Il est encore dans son jeune âge mais délicieux à boire maintenant.
Pour le blanc je dirai 2016. Ce n’est pas un millésime auquel on pense au premier abord mais il est puissant avec également beaucoup de fraîcheur.
G : Quels supports d’aide à la vente sont à disposition des distributeurs pour promouvoir vos vins ?
JJB : Mon épouse Séverine est responsable de toute la partie marketing du Château. Grâce à elle, nous sommes actifs sur les réseaux sociaux.
Séverine a eu l’idée de créer un livre de cuisine durant la période de confinement. Nous avons envoyé ce livre à nos clients à travers le monde. C’est important pour nous que la marque vive dans l’esprit du consommateur.
De plus, nous développons de plus en plus l’œnotourisme.
Site internet et Réseaux sociaux
La bouteille de cœur de Jean-Jacques BONNIE
Gerda : Si vous aviez une seule bouteille de cœur ?
Jean-Jacques BONNIE : Château Malartic-Lagravière 2003 : le millésime de la canicule et mon premier millésime avec mon épouse à Malartic.
Je me rappelle très bien cet été de canicule. Nous avons commencé les vendanges de nos blancs le 19 août ! Je dormais sur le carrelage afin de trouver de la fraîcheur. Notre maître de chai a eu son premier bébé la veille, le 18 ! C’était une ambiance intense et stressante. Néanmoins, le terroir à fait son œuvre nous rendant extrêmement fiers de ces 2003. Cela a été un gros travail d’équipe !
Les vins dégustés
Château Malartic Lagravière 2018 : C’est le dernier millésime de Michel Rolland en tant que conseiller à Malartic. Le vin a un magnifique nez solaire avec des fruits noirs. La fraîcheur est présente, c’est la force de ce beau terroir de graves. En bouche le vin est structuré, tannique mais en harmonie totale. Comme Jean-Jacques le dit si bien, ce vin est sexy.
Château Malartic Lagravière 2019 : Le premier millésime du conseiller Eric Boissenot. Au nez on trouve un petit peu de réglisse et de menthe. Malgré le millésime chaud, on retrouve davantage de fruits rouges. En bouche le vin se développe énormément avec une finale longue et complexe. Je me demande si ce n’est pas le plus grand millésime de Malartic que j’ai gouté. C’est magnifique !
Château Malartic Lagravière 2020 : Ce millésime est dans la lignée du 2019. Il a tout d’un très grand vin. Néanmoins, il est encore sur la retenu. Logique, il est encore en barrique ! Mais son futur sera grand et beau… What do you want more ????
Gerda BEZIADE a une incroyable passion pour le vin, et possède une parfaite connaissance de Bordeaux acquise au sein de prestigieux négoces depuis 25 ans. Gerda rejoint Roland Coiffe & Associés afin de vous apporter avec « Inside La PLACE » davantage d’informations sur les propriétés que nous commercialisons.