Philippe Blanc
Directeur Général
En poste depuis 1995
Erwan Le Brozec
Directeur Commercial
En poste depuis 2019
Rencontrés par Gerda au Château
Château Beychevelle
4ième Grand Cru Classé de 1855
Saint-Julien
Philippe Blanc
Gerda : Parlez-nous de vous…
Philippe Blanc : Je suis arrivé à Beychevelle en Septembre 1995, je suis ici depuis à peu près 26 ans. Agronome et œnologue de formation, j’ai l’immense plaisir de diriger Beychevelle depuis cette époque et d’y avoir fait 26 millésimes.
Gerda : Quels sont les principaux défis auxquels vous êtes confrontés personnellement, dans la pratique de votre métier ?
Philippe Blanc : Elaborer les meilleurs vins et être à la hauteur de l’histoire de Beychevelle. Être respectueux de ce qu’est « Beychevelle », on parle en général de l’ADN de Beychevelle, de son style, tout en essayant de progresser car on ne se lasse pas de progresser. Donc je dirai : respecter et ne jamais travestir ce qu’est Beychevelle et son image.
Concernant le climat, on essaie de le prendre avec du recul. Les 2018 sont très beaux et les vins assez mûrs. Ils n’ont pas beaucoup de défauts. Les vendanges 2021 se sont déroulées par temps plutôt frais alors que l’on attendait beaucoup de chaleur (réchauffement climatique oblige). Le millésime 2021 me fait penser à un retour dans les années 90.
On se pose beaucoup de questions, mais il ne faut pas oublier que la vigne a un cycle long. Lorsqu’on fait une plantation c’est pour 30, 40, 50 ans, mais quelle sera la vérité dans 50 ans …. ? Je ne serai plus là pour le voir. On essaye d’être très attentif. Nous avons la chance de pouvoir prendre du temps, réfléchir et essayer de faire le mieux possible.
La vendange 2021
Gerda : Comment se sont passées vos vendanges ?
Philippe Blanc : Les vendanges étaient stressantes mais finalement nous sommes contents de la qualité. Nous avons récolté des raisins d’une bonne maturité. Nous avons tiré la quintessence grâce au terroir et grâce aux outils techniques dans notre chai qui a été mis en service en 2016. Nos parcelles sont à proximités de la rivière (la Gironde), cela permet à nos merlots d’avoir une maturité lente. Nous avons beaucoup de confiance dans ce cépage (plus de 40% dans l’assemblage final). En plus, grâce au nouveau chai nous avons gagné en finesse d’extraction. Le rendement cette année est confortable et cela nous permet de faire une sélection pour le Grand Vin.
La marque Beychevelle aujourd’hui et demain
La discussion se poursuit avec Erwan Le Brozec, Directeur Commercial du Château Beychevelle depuis 2019.
Gerda : Quel(s) positionnement(s) souhaitez-vous pour votre/vos marque(s) ?
Erwan Le Brozec : Beychevelle était avant tout une marque de confiance dans les années 60-70. Elle est devenue une marque incontournable. C’est à nous de conforter et de consolider l’image d’excellence.
G : En quoi vos vins se distinguent, et sont uniques ?
EB : Nos vins ont une vraie identité, un vrai style, une singularité. Ils sont gourmands, généreux avec des tannins veloutés. C’est un vin qui sait mettre en avant l’effet millésime en gardant son ADN profond. Le style de Beychevelle ne s’effacera jamais face aux modes.
G : Laquelle de vos réalisations récentes aimeriez-vous faire partager à la clientèle ?
EB : Le nouveau chai, qui a apporté plus de précision dans la vinification. C’est un outil extrêmement important pour le vin mais aussi pour le confort dans le travail des employés : plus de lumière naturelle, plus d’espace.
G : Sur quels projets futurs travaillez-vous en ce moment ?
EB : Sur le plan marketing nous voudrions partager davantage d’expériences et de valeurs de Beychevelle.
Sur le plan commercial nous voudrions améliorer notre distribution. Nous sommes en sorte « victime de notre propre succès ». Notre prix de sorti en Primeur raisonnable, doit amener une opportunité de toucher les marchés dits traditionnels, ceux qui sont capables de faire rayonner la marque et de porter toutes les valeurs du Cru. Nous rassemblons toutes les données de nos négociants partenaires, nous les compilons et les partageons dans notre analyse. Celle-ci est un outil essentiel dans l’élaboration de notre stratégie commerciale.
G : Où en est(sont) votre(s) propriété(s) en matière de « transition écologique » ?
EB : C’est une perpétuelle veille pour la vigne, dans le chai mais aussi pour le packaging et la logistique. A Beychevelle nous y sommes très sensibles, nous privilégions et avançons dans les bonnes pratiques.
Le commerce
Gerda : Quelles sont vos priorités en termes de développement commercial ?
Erwan le Brozec : Être capable de toucher des clients qui sont des vrais prescripteurs et consommateurs. Que Beychevelle soit apprécié pour sa qualité et l’expérience que le vin offre.
Il n’y a pas de mauvais marchés mais nous voulons éclater notre distribution le plus possible. Nous voulons toucher tous les marchés avec qui nous pouvons partager « l’expérience » Beychevelle. Je pense surtout aux Etats-Unis, La Belgique, l’Europe, l’Angleterre et l’Afrique. Les journalistes et les sommeliers sont également très importants.
G : Prévoyez-vous des sorties commerciales ou mises en marché dans un futur proche ?
EB : Non, nous vendons sur mesure. Je suis à l’écoute de nos clients et ne veux pas leur imposer un millésime. En plus, nous n’avons pas trop de millésimes disponibles car nous vendons 85% de notre récolte en Primeur. C’est un moment durant lequel nous avons les projecteurs sur nous. C’est la naissance commerciale du millésime et le premier rendez-vous avec nos clients. Après la naissance il faut savoir l’accompagner chez nos clients.
G : A quels millésimes le marché devrait s’intéresser ? et pourquoi ?
EB : 2017 : le vin a une grand buvabilité mais aussi une capacité de vieillissement. Il a une belle dimension. Le 2013 est également une belle surprise. C’est mon coup de cœur en ce moment. Le vin est croquant et a un très bel équilibre.
G : Quels supports d’aide à la vente sont à disposition des distributeurs pour promouvoir vos vins ?
EB : Notre site internet, les réseaux sociaux, des supports vidéos. Mais aussi des staff trainings, wine maker’s dinners , des caisses spéciales etc… . Nous sommes flexibles et on fait preuve de créativité pour mieux répondre aux besoins de nos clients. Nous sommes à leur écoute dans la mesure du possible.
« Les vins de Beychevelle peuvent être aussi beaux que sont magnifiques les jardins fleuris »
(Robert Parker, 1990)
Site internet et Réseaux sociaux
La bouteille de coeur de Philippe Blanc
Gerda : Si vous aviez une seule bouteille de cœur ?
Philippe Blanc : Question difficile ! Pour un millésime récent je dirai 2018. Pour sa complexité et toute la générosité qui s’en dégage.
Je peux mentionner aussi Beychevelle 1928 et 1929 qui sont des vieilles et vénérables bouteilles. Elles font partie des anciens millésimes qui génèrent des émotions incroyables et qui montrent la qualité et la précision du terroir. Ces bouteilles nous rendent redevables.
C’est un honneur de servir Beychevelle, avoir le privilège de travailler dans une propriété chargée d’histoire et qui porte si bien le prestige, le savoir-faire, l’excellence.
Les vins dégustés
Château Beychevelle 2018 : 50% merlot, 41% cabernet sauvignon, 3% cabernet France et 6% petit verdot
Les arômes sont épicés. C’est un Beychevelle gourmand et ouvert qui a beaucoup d’amplitude dès la première gorgée. C’est un jus parfait avec une belle fraîcheur qui fait remonter le vin dans la bouche. L’équilibre est parfait. Très belle réussite à Beychevelle.
Château Beychevelle 2017 : 45% merlot, 50% cabernet sauvignon, 1% cabernet franc et 5% petit verdot
Le nez est floral. Erwan a raison, c’est croquant, vif. Les tannins sont droits, entourés par une structure féminine. La bouche est équilibrée et le plaisir est immédiat.
Château Beychevelle 2012 : 47% cabernet sauvignon, 44% merlot, 4% cabernet franc et 5% petit verdot
Joli millésime pour le merlot et on le retrouve dans ce Beychevelle qui a des arômes complexes, formés par l’âge et le terroir. La trame en bouche est bien présente avec une final sur la fraîcheur et une droiture.
Gerda BEZIADE a une incroyable passion pour le vin, et possède une parfaite connaissance de Bordeaux acquise au sein de prestigieux négoces depuis 25 ans. Gerda rejoint Roland Coiffe & Associés afin de vous apporter avec « Inside La PLACE » davantage d’informations sur les propriétés que nous commercialisons.