Mon road trip Domaines Barons de Rothschild à Bordeaux
Jean de Roquefeuil
Directeur d’Exploitation
En poste depuis 2017
Rencontré par Gerda au Château
Château Rieussec
Sauternes
Chapitre 2 : Château Rieussec
Je continue mon « Road Trip » DBR à Bordeaux avec une appellation que je porte dans mon cœur depuis mon arrivée dans la douce France. Pourquoi tous mes amis Français et Hollandais adorent le Sauternes, pourquoi ouvrent-ils si rarement une bouteille de ce magnifique vin ? Est-ce que Saskia de Rothschild et son équipe ont trouvé une partie de la solution en modernisant le packaging de Rieussec 2019 ? J’espère vivement, tout d’abord pour le vin, mais aussi pour toutes les personnes qui travaillent dans cette appellation, et qui donne toute leur énergie, tous les ans, pour faire un des plus Grands Vins du monde. Comme le grand œnologue Denis Dubourdieu m’a dit : « Gerda, est-ce que vous connaissez un fruit qui est attaqué par le botrytis* et qui donne un breuvage de cette qualité ? C’est du noble avec un grand N ! ».
Quant au nouveau packaging de Rieussec 2019, c’est la modernité en respectant la plus belle femme du monde : Dame Nature. Comme le disait si bien Coco Chanel « il faut cultiver sa différence ! ».
*Le botrytis cinerea est un champignon qui provoque une pourriture dite grise ou noble. Reconnue pour endommager les récoltes, à Sauternes elle favorise la production des raisins vendangé plus tardivement.
Gerda : Parlez-nous de vous…
Jean de Roquefeuil : Je suis arrivé à Lafite en 2008 comme stagiaire. En 2010, j’ai été nommé Chef de Culture à Rieussec et puis en 2017, Directeur Technique. Je suis fils d’un agriculteur et viticulteur de Pondaurat, commune proche de Rieussec. Je suis quelqu’un avec un caractère fort qui aime comprendre, expliquer et provoquer les évènements.
Gerda : Quels sont les principaux défis auxquels vous êtes confrontés personnellement, dans la pratique de votre métier
Jean de Roquefeuil : Je dirai que mes défis concernent à 50% la technique de culture et 50 % la gestion humaine.
Concernant la technique, nous sommes en conversion bio depuis 2021, malgré une météo de plus en plus instable. Nous avons, depuis 2016 un pôle Recherche et Développement à DBR. A Rieussec, nous avons même une spécialiste, Ondine Sanfins, qui nous aide à créer un conservatoire pour la sélection massale. Elle fait des essais qui doivent nous amener à garder les meilleurs plants. C’est fascinant et c’est une aide précieuse pour moi. J’ai trop souvent le « nez dans le guidon ».
Concernant la gestion humaine, il est de plus en plus difficile de trouver des personnes motivées et impliquées pour travailler dans les propriétés, prendre du plaisir dans le travail.
La vendange 2021
Gerda : Comment se sont passées vos vendanges?
Jean de Roquefeuil : 65% de Rieussec a été affecté par le gel. Nous avons fait intervenir des hélicoptères sur le plus beau terroir, en haut de la propriété. Pour le terroir situé plus bas, l’effet positif de l’hélicoptère est limité car il ne peut pas augmenter la température de beaucoup. Nous pensons à mettre en place des éoliennes, mais il y aura une question délicate concernant la beauté du paysage.
Nous avons commencé nos vendanges pour le blanc sec le 31 août. Pour le liquoreux nous avons fait 4 tris au total en octobre. Depuis 2016, il y a une vraie volonté de faire des vins moins concentrés et plus aériens. Le millésime 2021 sera dans cette philosophie.
La marque Rieussec aujourd’hui et demain
G : En quoi vos vins se distinguent, et sont uniques ?
Jean de Roquefeuil : Le millésime 2016 était l’initiation vers la nouvelle identité de Rieussec. Le 2017 est le vrai premier millésime du nouveau style. Nous gardons bien sûr le goût de confit que donne le botrytis, mais aujourd’hui il est plus fondu et frais, en gardant l’équilibre parfait dans le vin. Par exemple, Carmes de Rieussec 2016 est extraordinaire, plus massif que Rieussec 2016 qui est plus frais, plus précis et montre nos premiers pas vers ce nouveau style. Cela vient dans la continuité des travaux gigantesques lancés en 2011 dans le vignoble : travail parcellaire, enherbement, effeuillage à la main sans poser les raisins trop au soleil, arrachage de vigne …
G : Laquelle de vos réalisations récentes aimeriez-vous faire partager à la clientèle ?
Jean de Roquefeuil : La nouvelle bouteille et le nouvel emballage de Rieussec 2019. C’était un très gros challenge technique (forme de la bouteille, cordelette, bouchon, étiquette). C’était un vrai projet collectif et participatif que Saskia a mené. J’y ai consacré 50% de mon temps l’année dernière et j’ai appris à travailler en équipe. C’était un moment enrichissant pour moi.
G : Sur quels projets futurs travaillez-vous en ce moment ?
Jean de Roquefeuil : Nous travaillons maintenant sur le projet Carmes de Rieussec mais je ne peux pas vous en dire plus … et bien sûr les travaux dans le vignoble continuent.
G : Où en est Rieussec en matière de transition écologique ?
Jean de Roquefeuil : Comme évoqué précédemment, nous sommes en conversion bio depuis 2021. Rieussec doit avoir une vraie identité dans son paysage. Nous parlons au Château d’écologie et d’agroécologie. Depuis 10 ans, nous avons planté des haies et tout un écosystème autour de la vigne fait de prairies et de bois. C’est peut-être un oxymore mais nous mettons en place une auto-gestion dirigée du domaine pour permettre le retour de la vie dans nos vignes.
G : Où seront les plus gros changements dans l’avenir proche ?
Jean de Roquefeuil : Sans hésitation notre conversion en bio. Nous avons même 6 hectares en biodynamie. Nous connaissons tous les risques de ce projet sur lequel nous sommes tous d’accord et sereins. L’adhésion de l’équipe est totale.
G : Qui est votre œnologue/conseiller et pourquoi travaillez-vous avec lui ?
Jean de Roquefeuil : Nous travaillons depuis 1991 avec Edouard Massie qui est propriétaire du Laboratoire Oenoconseil à Preignac. C’est un œnologue local et LE spécialiste des Sauternes. En plus de son avis sur nos vins, il nous repositionne continuellement dans le contexte du millésime pour toujours rester dans le match. C’est constructif, Edouard est un vrai passionné des Sauternes. Je le connais déjà depuis 30 ans car il était aussi le conseiller de mes parents.
Le mot du Directeur International des Châteaux : Les Domaines Barons de Rothschild, Jean-Sébastien Philippe
Gerda : Quel positionnement souhaitez-vous pour vos vins ?
Jean-Sébastien Philippe : C’est un sujet plus profond. En créant la nouvelle bouteille nous voulions changer le moment de consommation. Cela ne doit plus être seulement avec du foie gras ou avec le dessert mais aussi pendant l’apéritif ou à la fin du repas en remplacement d’un spiritueux. Il faut que Rieussec soit associé à un moment de plaisir et de fête, aux moments heureux de la vie. Il peut, par exemple, être aussi bu dans des bars voire même dans des établissements de nuit comme le champagne !
G : Quels sont vos priorités en termes de développement commercial ?
Jean-Sébastien Philippe : Ayant fait une partie de ma carrière chez LVMH, j’ai toujours eu en tête qu’il faut être fort dans son pays domestique au même titre que l’export. Je voudrais la même chose pour Rieussec car la France, notamment ses sommeliers et cavistes, sont les premiers ambassadeurs de nos marques ! Nous avons aussi à cœur de présenter Rieussec à nos amis Britanniques, Américains, Japonais et Chinois. La Chine sera demain l’un des plus gros marchés de consommation de Sauternes et nous avons déjà de fabuleux retours de notre nouvelle bouteille.
Nous venons de mettre sur le marché Carmes de Rieussec 2020. En septembre, il y aura un instant Rieussec avec la mise en marché de Rieussec 2020 toujours dans la nouvelle bouteille et R de Rieussec 2021. Notre blanc sec pour lequel nous avons beaucoup d’ambition – un vin délicieux que nous souhaitons faire redécouvrir.
Au mois d’octobre nous allons célébrer les 40 ans d’un millésime de légende pour l’ensemble de nos propriétés. Nous allons les offrir à nos principaux partenaires de la Place de Bordeaux et Roland Coiffe & Associés sera parmi eux.
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Les vins dégustés
Rieussec 2019 : 89% sémillon, 9% sauvignon, 2% muscadelle
Il était bien sûr servi dans le verre spécialement créé pour donner encore plus de modernité et favoriser l’accessibilité au vin. Les deux mots que nous retrouvons également dans le vin. Les arômes sont frais avec des notes délicates d’agrumes et de confit vif. L’attaque est dynamique sans dénoncer le caractère liquoreux. La final est boostée vers le haut et j’ai eu du mal à cracher le vin. J’avoue que j’ai bu la dernière gorgée avec beaucoup de plaisir. C’est le plus beau compliment que l’on puisse faire au vin, n’est-ce pas ?
Rieussec 2007 : 87% sémillon, 8,5% sauvignon, 4,5% muscadelle
Il a un magnifique nez d’abricots et de figues confites. On ne se lasse pas de ces arômes qui reviennent sans cesse avec un autre angle. Il prend immédiatement toute la bouche. C’est opulent mais pas gras car la fraîcheur qui est au début cachée, amène le vin vers une finale en haut. C’est le Rieussec d’avant pour lequel il faut attendre.
Gerda BEZIADE a une incroyable passion pour le vin, et possède une parfaite connaissance de Bordeaux acquise au sein de prestigieux négoces depuis 25 ans. Gerda rejoint Roland Coiffe & Associés afin de vous apporter avec « Inside La PLACE » davantage d’informations sur les propriétés que nous commercialisons.