Inside La Place – Rencontre avec Alexandre MA

Quand le vin fait le lien, le temps n’a plus d’importance !

Alexandre MA

Critique de vin Chinois

Rencontré par Gerda


 

Bordeaux a toujours attiré des étrangers pour leur amour de nos Grands Vins. Alexandre Ma est l’un d’eux. Il est le premier journaliste Chinois basé à Bordeaux au port de La Lune. J’ai eu l’immense plaisir d’avoir un entretien chaleureux et intéressant avec lui autour d’une coupe de champagne. Quand le vin fait le lien, le temps n’a plus d’importance !

Gerda : Parlez-nous de vous…

Alexandre MA Je viens d’une région viticole en Chine, le Ningxia. Mes parents ont une entreprise de panneaux publicitaires. J’ai fait des études de management et de commerce afin de travailler dans l’entreprise familiale. En 2010, j’ai rencontré Emma Gao et son époux Thierry Courtade, l’ancien maître de chai du Château Calon Ségur qui ont leur propre vignoble dans le Ningxia. Immédiatement, j’ai été passionné par le vin et je voulais aller plus loin. J’ai appris la langue de Molière avant mon arrivée en France. En 2011, j’ai atterri dans la Vallée du Rhône où je suis allé à l’université du vin de Suze-la-Rousse, j’y ai obtenu mon diplôme national de sommelier conseil et caviste. Sommelier pendant 2 ans, j’ai intégré le MBA Wine Marketing and Management de l’INSEEC Bordeaux en 2013 pour approfondir ma formation.

Mon arrivé en France a été pour moi une autre fenêtre sur le monde. Je suis curieux de tout : l’art autour de la table, le choix du vin autour d’un repas mais aussi la culture et l’histoire Européenne. Ce sont des choses qui donnent beaucoup de bonheur à ma vie.

C’était pour moi un rêve de devenir critique de vin et d’accompagner les Chinois dans leur choix de vin. J’ai atteint ce but. Je suis aussi formateur de vin. Depuis 2015, j’ai donné des cours à plus de 2 000 Chinois en Chine, mais aussi à Bordeaux et à Paris pour les Chinois qui vivent dans d’autres régions de France et d’Europe. J’ai l’amour de transmettre ma connaissance du vin et de transmettre la philosophie de chaque vigneron. C’est un produit qui touche à tout : l’humain, la nature, la technique, l’émotion … Le vin est la clés ouvrant les portes du monde et pour cela il faut avoir de la passion !

Gerda : Pourquoi vous avez eu envie de devenir critique et formateur du vin ?

Alexandre MA : J’ai commencé à avoir confiance en moi après un championnat du monde en 2016 de dégustation d’équipe à l’aveugle, organisée par la Revue de Vins de France. Nous avons été la première équipe Asiatique et nous avons gagné ! Mon épouse Phydiasse m’a dit : « il faut se lancer, c’est maintenant ou jamais ! »

Gerda : Vous travaillez avec votre épouse Phydiasse,  parlez-moi d’elle.

Alexandre MA : Nous nous sommes rencontrés lors de nos études à Bordeaux. J’ai immédiatement souhaité travailler avec elle car elle est formidable. C’est seulement en 2019, quand j’ai créé mon activité de formation pour la communité Chinoise en Europe, qu’elle a finalement accepté d’être ma partenaire et nous nous sommes mariés la même année. Elle gère maintenant tout et travail plutôt dans l’ombre. Comme on dit en Chine (en riant) : « derrière un grand homme il y a une grande femme. Elle est ma Venus ! »

 


Le métier

 

Gerda : Comment faut-il définir le métier d’un critique et d’un formateur du vin ?

Alexandre MA La frontière entre les deux métiers est fine et ils ont en commun le plaisir de partager !

Le critique de vin est le dégustateur du terroir : l’observateur de l’humain, de la nature (sol et microclimat) vers le vin. Mais il n’est pas seulement observateur, il est aussi interprète et transmetteur par les notations qu’il donne.

Quant au formateur, il doit appréhender et comprendre le goût de chacun. Il est très important lors d’une formation de donner le choix à plusieurs goûts afin de ne pas entraîner une standardisation. Les Chinois ont un goût différent des Américains, il y a cependant, entre la France et la Chine, beaucoup de points communs culturels. Les 2 pays ont une grande histoire culinaire, mais nous ne parlons pas de la même façon. Notre culture est étroitement lié à la culture du thé.

G : Peut-on parler d’un goût Chinois pour le vin ?

Alexandre MA Dans l’ensemble on peut dire que les Chinois aiment les vins moins tanniques et plus ronds, mais il ne faut pas généraliser. En Chine (Mainland), il y a depuis 30 ans un essor de la consommation de vin mais pas encore une grande culture. 80% des consommateurs en Chine ont moins de 45 ans. Ils ont une soif de connaître mais il faut apporter un intérêt : une curiosité aux vins. Ils apprennent très vite. C’est pour cela que le milieu de gamme fonctionne de mieux en mieux en Chine.

Mon rêve est de parfaire l’éducation du consommateur afin qu’il puisse dire : j’aime ce château pour son terroir et son style de vinification. Le consommateur doit développer et connaître son propre goût. Et pour cela il faut éduquer : « donner la façon de pêcher au lieu de donner le poisson. »


Le produit

 

Gerda : Pourriez-vous me décrire un vin exceptionnel ? 

Alexandre MA Un vin exceptionnel doit exprimer son terroir : mettre en avant tous les atouts que le terroir lui donne. Pour cela, je dois comprendre comment ces atouts sont transmis du terroir au vin :

  • Par l’humain : beaucoup de Châteaux ont des similarités dans leur terroir mais l’Homme transmet son terroir dans le vin par sa propre compréhension de celui-ci.
  • Par la technique qui fait quelques fois la différence entre un Grand vin et un Très Grand Vin.

Il faut être unique dans son terroir et donc se différencier à travers son ADN car à Bordeaux tous les vins sont techniquement bons. J’adore le concept « suivre la tradition mais à travers un autre chemin ». Cela me donne toujours une émotion en plus.

: Est-ce qu’on peut donner objectivement des notes aux vins ?

AMA La notation est un moyen direct et facile à comprendre pour le marché. Est-ce que ce système est suffisant ? Je ne sais pas, je n’ai pas encore trouvé une autre baguette magique pour nous, les critiques du vin. Je préfère, par mes notes, donner un conseil au lieu d’influencer. Personnellement, j’aime l’élégance. Par mes notes, je donne le choix du goût. Mon épouse et moi, nous ne vendons pas nos articles ni les notifications sur les vins. Jancis Robinson a commencé aussi à donner des cours.

Je ne note pas les vins en dessous de 90 points par respect pour le travail du vigneron. Il travaille pendant une année pour faire le vin ! Il n’y a pas de mauvais vin. Je redonne des chances aux vins en dégustant d’autres millésimes. Dans notre culture, il ne faut pas perdre la face et je ne le souhaite à personne. Je souhaite accompagner l’évolution du goût de chacun et pas le mauvais goût !

: Comment pouvez-vous vous distinguer des autres critiques/formateurs du vin ?

AMA : En riant : par mon visage Asiatique et mon âge. J’ai 33 ans et, à ma connaissance, je suis le plus jeune. J’ai beaucoup appris de mes copains : Jeff Leve, Jane Anson… Ils m’ont beaucoup aidé aussi. Ma période magnifique dans l’équipe de la Revue des Vins de France entre 2017 et 2020 a été aussi très formatrice.

: Pourriez-vous me mentionner une dégustation inoubliable ?

AMA : C’était pendant une soirée lors de mon séjour dans la Vallée du Rhône. Un copain avait apporté une bouteille de Château d’Yquem 1995. C’est un vin raffiné, subtile et complexe. Nous avons passé un moment rempli d’émotion et conviviale. L’aspect humain et les personnes avec lesquelles on passe ces moments inoubliables sont très importants ! Le partage est tellement important.

G : Sur quel projet travaillez-vous en ce moment ?

AMA : Nous sommes en train d’améliorer et de développer notre formation. Nous voudrions donner plus de choix de dégustations mais aussi élargir les dégustations pour la communauté Chinoise à Londres, Berlin, Paris etc. Heureusement, je suis jeune pour porter des caisses et laver 3000 verres par an !

 


 

Gerda : Que sont les nouveaux outils de communication dans votre métier ?

Alexandre MA : J’utilise de plus en plus la vidéo pour créer un moment convivial avec mes lecteurs. C’est un outil intéressant pour raconter une histoire et surtout pour toucher l’intérêt chez les autres. Je ne veux pas être un professeur d’école. Le vin doit vivre dans les pensées de chacun. J’ai gagné deux fois la notation d’être le meilleur formateur en Chine, je crois savoir maintenant comment avoir l’intérêt d’un auditoire.

G : Pourriez-vous me donner un dernier mot sur le millésime 2021 

Alexandre MAC’est trop tôt pour donner beaucoup de détails. Pendant un mois je vais me focaliser uniquement sur les dégustations de ce millésime. Ce que je peux vous dire déjà, C’est que 2021 est un millésime de vigneron.

J’ai hâte de retrouver cet homme extraordinaire plein de finesse, de compréhension, avec des idées qui bouillonnent. Nous avons tellement de choses à partager et… promis… la prochaine fois cela sera autour d’un verre de Bordeaux !

 


Site Internet & Instagram

Gerda BEZIADE a une incroyable passion pour le vin, et possède une parfaite connaissance de Bordeaux acquise au sein de prestigieux négoces depuis 25 ans. Gerda rejoint Roland Coiffe & Associés afin de vous apporter avec « Inside La PLACE » davantage d’informations sur les propriétés que nous commercialisons.