Emeline Borie
Pierre-Antoine Borie
Co-gérants
En poste depuis 2010
Rencontrés par Gerda au Château
Château Grand-Puy-Lacoste
5ème Grand Cru Classé de 1855
Pauillac
Gerda : Parlez-nous de vous…
Emeline Borie : Je suis une globetrotteuse pour la promotion de nos vins, mais clouée au sol depuis la pandémie. Joviale, accueillante, communicante même si je suis de caractère timide.
Pierre-Antoine Borie : Avec Emeline, nous avons des caractères légèrement différents, je me considère entreprenant et réfléchit. Tous deux passionnés par notre métier nous partageons les responsabilités. Emeline a la charge du marketing, de la communication et des relations publics et moi des relations commerciales avec nos partenaires négociants.
Gerda : Quels sont les principaux défis auxquels vous êtes confrontés personnellement, dans la pratique de votre métier ?
Emeline Borie : S’imposer dans un monde de plus en plus concurrentiel. Il faut aussi relever le défi de protection de la Nature pour le futur de notre vignoble. La pression médiatique est assez présente et il faut en permanence trouver l’équilibre « eco-friendly » efficace et pertinent pour produire chaque année des vins d’excellence.
Pierre-Antoine a rajouté : « A Grand-Puy-Lacoste il y a une réalité économique d’équilibre de notre entreprise familiale ! La régularité et la qualité s’imposent à nous pour tous les millésimes».
Pierre-Antoine Borie : Pour perdurer en tant qu’entreprise familiale dans un environnement dominé par de grands groupes, nous nous fixons des objectifs à long terme pour nos prochaines générations par opposition à certains groupes qui ont souvent des visions à plus court-terme.
La vendange 2021
Gerda : Comment se sont passées vos vendanges ?
Emeline et Pierre Antoine Borie : Bien, après avoir été très attentif au vignoble, les vendanges se sont bien passées ! Grâce à nos équipes de vendangeurs avec lesquelles nous travaillons depuis plus de 50 ans et qui viennent du même village d’Espagne. Nous avons la chance de pouvoir les loger et les nourrir sur le domaine. Le stress dû à la Covid était présent mais toute l’équipe était vaccinée et respectueuse des consignes. Les vendangeurs et l’équipe du Château ont fait de leur mieux pour réussir ces vendanges.
Malgré une météo compliquée et une pression des maladies du vignoble, une observation quotidienne des vignes nous a permis de bien réagir et de protéger notre récolte.
Le millésime 2021 sera un millésime classique, d’un degré d’alcool modéré de 13% contribuant à son équilibre général. Après les trois dernières années très exubérantes les amateurs découvriront un millésime plus classique de Grand-Puy-Lacoste. Ce millésime méritera d’être dégusté avec attention !
La marque Grand-Puy-Lacoste aujourd’hui et demain
Gerda : Quel(s) positionnement(s) souhaitez-vous pour votre/vos marque(s) ?
Emeline Borie : Continuer à faire grandir la réputation de Grand-Puy-Lacoste (GPL) qui est reconnu par les connaisseurs dans le monde ! Même si mon père déteste quand on le dit, GPL est d’un très bon rapport qualité/prix, c’est en fait un luxe et un plaisir abordable ! A Pauillac nous avons d’illustres voisins 1er Grands Crus Classés et nous devons continuer à nous faire connaître et reconnaitre en persévérant sur notre qualité.
Pierre-Antoine Borie : GPL (Grand-Puy-Lacoste) n’est pas vraiment un vin trop spéculatif et le consommateur n’hésite pas à ouvrir une bouteille, nous en sommes heureux, le vin doit être dégusté et partagé !
G : En quoi vos vins se distinguent-ils, et sont-ils uniques ?
EB : Nos cœurs sont à Pauillac, notre famille y est implantée et je suis même allée à l’école primaire dans cette ville. Nous sommes la 5ème génération travaillant dans la viticulture. Dans nos vins c’est bien le terroir qui parle, le parcellaire de Grand-Puy n’a pas changé depuis le classement de 1855 ce qui est rare dans les propriétés du Médoc ! Ceci donne une extraordinaire régularité de qualité car la personnalité de nos parcelles est très bien identifiée d’année en année. GPL est un vin complexe avec beaucoup de fraîcheur et d’équilibre aux tannins soyeux et bien intégrés. Il possède une grande aptitude au vieillissement.
PAB : Nous n’avons jamais cherché les « notes de Parker » à la grande époque, dominées par le boisé et l’extraction. GPL a gardé son style, une puissance qui se révèle au fil du temps, plus discret en première approche primeur. GPL peut paraitre sur sa réserve dans sa jeunesse mais s‘épanouit dans le temps. On découvre alors la profondeur et le soyeux de sa structure.
G : Laquelle de vos réalisations récentes aimeriez-vous faire partager à la clientèle ?
PAB : La nouvelle caisse Variation (idée de Pierre-Antoine) permet de découvrir un double magnum, deux magnums et quatre bouteilles dans une même caisse, équivalent à 12 bouteilles. L’amateur pourra s’amuser à comparer les différents flacons et suivre l’évolution du vin dans le temps ! Nous l’avons proposé pour la première fois pour la campagne Primeur 2020. Au vu du succès nous allons renouveler l’opération pour le millésime 2021. C’est une caisse originale, qui nous donne de la visibilité, elle s’adresse au consommateur final, et c’est aussi une idée pour faire de beaux cadeaux.
G : Sur quels projets futurs travaillez-vous en ce moment ? (Techniques, marketing ou commerciaux)
EB : Nous sommes en réflexion pour un nouveau cuvier même si nous avons toujours fait régulièrement beaucoup d’investissements et de réhabilitations de façon à garder nos chais et cuviers en accord avec les progrès techniques. L’implantation de ce nouveau cuvier nous permettra en plus de l’amélioration technique de visualiser un côté plus intime et romantique de la propriété. Le visiteur découvrira alors le parc et certaines parcelles jusqu’alors peu exposées aux visiteurs.
G : Où en est(sont) votre(s) propriété(s) en matière de « transition écologique » ?
EB : Nous avons toujours fait de l’agriculture raisonnée. Nous sommes certifiés en HVE3 et avons 20 hectares en essai de culture bio depuis des années. Notre but à ce jour n’est pas d’être certifié. L’idée est de trouver le juste équilibre avec la nature. Nous vivons sur place et nous voulons faire au mieux, pour nous et pour les collaborateurs de la propriété. Je suis Présidente du Syndicat Viticole de Pauillac. Nous avons créé une commission technique et nous nous retrouvons entre viticulteurs conventionnels, bios et biodynamiques. Nous sommes en réflexion et une des questions principales est : « Comment Pauillac doit réfléchir dans le futur en matière d’écologie ? ». C’est fascinant et cela nous donnera certainement des idées pour avancer tous ensemble dans la même direction.
PAB : Je serai bientôt papa pour la première fois, et je veux que mon enfant puisse courir au grand air dans nos vignes ! Nous sommes très sensibles à cette problématique qui demande beaucoup d’attention et qui s’affinera d’année en année.
Le commerce
Gerda : Quelles sont vos priorités en termes de développement commercial ?
Pierre-Antoine Borie : Notre philosophie est de vendre chaque année presque 100% de la production en Primeur. C’est notre ADN. Nous avons une grande confiance dans le négoce auquel nous restons fidèles. La campagne Primeur est un moment unique : 1 jour, 1 volume et 1 prix. Nous ne faisons que peu de vins livrables. Nous travaillons avec 70 négociants partenaires et chacun a sa spécificité : c’est un expert de son marché. Tous sont importants à nos yeux et nous créons un dialogue avec eux. Nous apprécions les informations qu’ils nous donnent sur leur distribution de façon à affiner la promotion de nos vins dans le monde.
G : Quels supports d’aide à la vente sont à disposition des distributeurs pour promouvoir vos vins ?
EB : C’est moi (en riant) la « globetrotteuse » ! Je suis présente à toutes les dégustations organisées par l’Union des Grands Crus et je reçois personnellement tous les visiteurs au Château. J’organise des dîners et des masterclass en France et à l’étranger. Nous organisons aussi des repas au Château. C’est notre ADN de recevoir dans le cercle familial.
Nous avons un site et nous sommes présents sur des réseaux sociaux.
Gerda : A quels millésimes le marché devrait-il s’intéresser ? et pourquoi ?
EB : En dehors des primeurs, je pense immédiatement à 2011 qui commence à être très agréable après 10 ans de bouteille et au millésime 2006 dans l’ombre du 2005 qui « explose » d’harmonie aujourd’hui. Chaque millésime a une histoire et une personnalité à faire découvrir et c’est bien ce que cherche l’amateur.
Les vins dégustés
Château Lacoste-Borie 2018 : 61% cabernet sauvignon, 31% merlot, 8% cabernet franc
Il a de délicieux arômes suaves. En bouche il a une texture très agréable avec une touche sexy, et un excellent tonus. A savourer sans hésitation !
Château Lacoste-Borie 2019 : 62% cabernet sauvignon, 29% merlot, 9% cabernet franc
Dans la trame du 2018 mais avec plus de droiture. J’ai toujours beaucoup apprécié ce second vin qui est le reflet, l’esprit de Grand Puy Lacoste mais avec plus d’accessibilité.
Château Grand-Puy-Lacoste 2018 : 78% cabernet sauvignon, 22% merlot
Il a un magnifique nez qui est ouvert. Chaque fois que l’on bouge son verre d’autres arômes sont découverts. Le vin est vivant. En bouche il est soyeux, enrobé avec une trame de tannins superbe. C’est opulent pour GPL, mais il a un fond et à aucun moment il ne perd son équilibre. C’est délicieux !
Château Grand-Puy-Lacoste 2019 : 83% cabernet sauvignon, 17% merlot
Ses cabernets sauvignons sur ce terroir exceptionnel s’expriment merveilleusement bien dans ce magnifique 2019. Ce vin a tout : la complexité, la minéralité, la longueur et une très grande vie devant lui : Bravo !
Gerda BEZIADE a une incroyable passion pour le vin, et possède une parfaite connaissance de Bordeaux acquise au sein de prestigieux négoces depuis 25 ans. Gerda rejoint Roland Coiffe & Associés afin de vous apporter avec « Inside La PLACE » davantage d’informations sur les propriétés que nous commercialisons.