Henri Parent
Propriétaire
En poste depuis 2013
Rencontré par Gerda au Château
Château Le Gay
Pomerol
Gerda : Parlez-nous de vous…
Henri Parent : Je suis quelqu’un d’heureux et détaché des choses. Je ne me considère pas comme le propriétaire du Château Le Gay car il a son existence propre et il n’appartient qu’à l’appellation Pomerol. Je suis plutôt au service du Château. Je suis un manager du « bottom up » donc participatif. Je donne la voie, la direction dans laquelle nous allons et mes collaborateurs y participent afin de réaliser les projets ensemble.
Gerda : Quels sont les principaux défis auxquels vous êtes confrontés personnellement, dans la pratique de votre métier ?
Henri Parent : J’adore les défis dans ma vie. Un de ces défis est de donner de la continuité qualitative à chaque millésime. Ils ont plus d’intérêts pour moi et sont souvent plus intellectuels. Faire un grand vin dans un grand millésime est facile. J’aime les millésimes difficiles.
Il y a 3 ans, j’ai rajouté un défi en achetant une truffière bio de 50 hectares dans le Périgord Noir. Je voudrais associer Le Gay avec la truffe : quand on rentrera au Château, que cela sente la truffe ! (en riant)
La vendange 2021
Gerda : Comment se sont passées vos vendanges?
Florian Pesquier (maître de chai) : Nous nous sommes battus contre le gel. Pendant 12 nuits, nous avons fait marcher les éoliennes et nous avons allumé des bougies pendant 3 nuits. La maturité est arrivée en bloc et les vendanges ont duré 4 jours, c’était difficile. C’est plus facile quand les vendanges durent 15 jours.
Nous sommes contents, même si le rendement a baissé de 30% par rapport à 2020. C’est important que vos clients sachent que l’assemblage final se fait juste avant la mise. Les échantillons que nous présentons pendant la dégustation de 2021 sont un assemblage de 43 de nos micro-cuvées sur 45 au total ; le millésime nous épate !
La marque Le Gay aujourd’hui et demain
Gerda : Quel(s) positionnement(s) souhaitez-vous pour votre/vos marque(s) ?
Henri Parent : Nous n’avons pas la notoriété de l’Evangile, La Conseillante ou de Vieux Château Certan. Le Gay a une qualité similaire mais à un prix doublement inférieur… C’est une réalité mais pas mon souhait. Nous sommes une éternelle étoile montante. Il faut toujours faire mieux même si nos vins sont déjà très bons ! Le défi est toujours présent.
Je suis surpris que l’on dise souvent que notre consultant Michel Rolland (associé également avec Henri Parent en Argentine) fait des vins « Parkérisés » chez nous. C’est impossible pour moi. Nous laissons le terroir parler dans chaque millésime grâce à la micro-vinification. La micro-vinification est une sophistication de la vinification qui fait s’exprimer le terroir !
G : En quoi vos vins se distinguent, et sont uniques ?
HP : Bientôt, nos vins se distingueront et seront uniques parce qu’ils ne sont pas bio … (en riant) ! Sans être bio nous sommes dans le respect complet du terroir. Je voudrais parler de trois sujets :
- Produit : bien entendu nous n’utilisons plus d’herbicides, d’insecticides et de produits potentiellement cancérigènes. C’est ce que l’on appelle l’agriculture raisonnée.
- Pollution du sol : je n’ai pas envie de mettre du cuivre dans mes sols, c’est toxique. Aussi, le bio nécessite des passages répétitifs en tracteur qui sont mauvais pour les sols avec un entassement. J’évite au maximum de passer dans mes rangs de vignes.
- Résidus dans le vin : nous sommes très loin des résidus autorisés par l’Europe dans le vin. S’il en reste il ne sera jamais un danger pour le consommateur.
Si je ne suis pas en bio c’est pour assurer une quantité de vendanges et car je suis convaincu que le bio n’apporte pas de plus-value qualitative. Nos vins se distinguent aussi par le goût. C’est grâce à la micro-vinification que le bois est très bien intégré et le terroir s’exprime à merveille. Nous faisons aussi de la micro-vinification pour La Violette depuis 2006. En plus de cela, il est égrainé à la main, Grâce à son terroir, le vin est très différent par rapport à Le Gay.
G : Sur quels projets futurs travaillez-vous en ce moment ?
HP : Il y aura une surprise sur 3 millésimes au Château le Gay : 2020, 2021 et 2022. Cela sera le commencement d’une évolution, un démarrage d’une nouvelle façon de faire …
G : Où en est(sont) votre(s) propriété(s) en matière de « transition écologique » ?
HP : Même si nous ne faisons pas de viticulture bio, nous sommes certifiés en HVE3, nous prévoyons des panneaux solaires sur nos locaux techniques et nous utilisons des eaux avec un pH qui permet de diminuer la concentration des produits phytosanitaires de 30%.
A cause du changement climatique, nous augmentons la quantité de cabernet franc de 10% et visons un assemblage 70% merlot et 30% cabernet franc.
Je suis peut-être le seul à le dire mais je trouve que le changement climatique est positif pour nos vins pour l’instant… Je ne suis pas climatosceptique mais il n’est pas encore temps de planter les cépages du Portugal à Bordeaux !
Le commerce
Gerda : Quelles sont vos priorités en termes de développement commercial ?
Henri Parent : J’ai à ma disposition le négoce. C’est le plus bel outil pour les Grands Crus. C’est un partenariat exigeant qui va dans les deux sens. Grâce aux négociants, j’ai 250 commerciaux à ma disposition. Mon grand-père (fondateur de Cristal d’Arques) m’a posé un jour la question : « quelle est la partie la plus importante quand on produit 6 millions de verres par jours ?». Je lui ai répondu : « la chaine de production ». Il m’a dit : « non, c’est la qualité et l’éclatement du réseau de distribution ».
Je suis en contact avec un grand amateur de Le Gay et j’ai découvert qu’il a aussi besoin d’être en contact avec moi. J’aimerais qu’on puisse installer une communication avec le consommateur final de nos vins. Le contact pourrait être installé, peut-être grâce à un flashcode.
G : Quels supports d’aide à la vente sont à disposition des distributeurs pour promouvoir vos vins ?
HP : Je fais très peu de voyage mais je suis disponible. Je laisse surtout le négoce et leurs distributeurs faire leur travail. Ils sont bien sûr les bienvenus au Château Le Gay ou au domaine du Grand Merlhiot où ils sont accueillis par les personnes de la propriété ou moi-même. J’ai même envie de dire : venez manger de la truffe et boire du Pomerol avec moi !
G : Prévoyez-vous des sorties commerciales ou mises en marché dans un futur proche ?
Henri Parent : Depuis 2015 nous gardons environ 3000 à 4000 bouteilles de Le Gay et 400 bouteilles de La Violette, le reste est vendu en Primeur. Nous revendons les millésimes en stock 10 ans après. Cette année, avant Noël, je mettrai le millésime 2012 sur le marché.
Pour La Violette, je change le prix tous les 4 ans. La force de cette marque est que chaque millésime a une histoire à raconter. C’est plus difficile pour Le Gay pour lequel j’ai opté pour une politique de prix plus « smooth » (douce). Le négoce a besoin de cette politique afin de créer de la confiance dans la marque qui ne peut seulement s’installer grâce à la qualité du vin. Le Gay c’est le plateau de Pomerol à un prix sage.
Site Internet 
Les vins dégustés
Nous avons eu le plaisir de recevoir Henri Parent et Henri Parent Junior au bureau pour une dégustation verticale du Château Le Gay et Château La Violette. La force de prescription se passe aussi par la connaissance intrinsèque du vin ! Il n’y a pas mieux pour découvrir le vin qu’avec la présence du propriétaire.
Château LE GAY, tous les millésimes sont d’un assemblage de 90% merlot et 10% cabernet franc.
Château Le Gay 2007 : Des arômes évolués de cassis, sous-bois pour ce millésime froid. Des arômes tiercières, j’aime bien. C’est un vin qui a une structure souple, très agréable et une final assez longue. Il est racé et délicieux à boire maintenant.
Château Le Gay 2008 : Grand millésime à Pomerol et ce beau Le Gay le prouve ! Le vin a une magnifique colonne vertébrale. Plutôt marqué par des fruits rouges et une fraîcheur élégante. Très long en bouche.
Château Le Gay 2009 : Un style plus opulent de Le Gay. Il a une structure plus massif mais pas lourde du tout. Il a tout, la générosité du merlot sur un grand terroir est bien soutenue par la fraîcheur.
Château Le Gay 2010 : Il y aura toujours la discussion : on préfère 2009 ou 2010 ? Le style de 2010 est plus Bordelais, plus classique et c’est aussi pour le Gay un grand, voire très grand millésime. Il a des arômes profonds de fruit noir, de truffe et même floral. En bouche tout est présent : équilibre, la structure et une final qui est longue et éclatante !
Château Le Gay 2011 : Une année sèche. Le vin est plus serré mais pas sec ! Il fait penser à 2008 avec une trame profonde, stylé. Très beau, il est encore dans sa jeunesse et va gagner en complexité.
Château LA VIOLETTE : 100% merlot.
Château La Violette 2006 : Premier millésime de la famille Parent. Le merlot s’exprime sur ce grand terroir de 1,8 hectares. Ce millésime montre le début de la famille à La Violette : les arômes sont dans la phase tiercière. En bouche le vin est ample et généreux.
Château La Violette 2007 : C’est un vin élégant comme un vrai Pomerol. Le bouquet est généreux. Un bon équilibre en bouche avec une belle structure. C’est un vin à savourer sans hésitation.
Château La Violette 2012 : Le millésime de la rive droite ! Les merlots sont extras. Ils ont du style, de la souplesse avec de la profondeur. Le vin est soyeux et gourmand. Très belle final. C’est la définition même de la « puissance cachée » !
Château La Violette 2019 : Un mot : magnifique ! Il est tellement beau, équilibré, complexe….. que des compliments pour ce vin exceptionnel qui a un grand voire très grand avenir devant lui.
Gerda BEZIADE a une incroyable passion pour le vin, et possède une parfaite connaissance de Bordeaux acquise au sein de prestigieux négoces depuis 25 ans. Gerda rejoint Roland Coiffe & Associés afin de vous apporter avec « Inside La PLACE » davantage d’informations sur les propriétés que nous commercialisons.