Luca Sanjust
Propriétaire du Domaine Petrolo
Rencontré par Gerda au Château
Petrolo Galatrona
Toscane, Italie
Lorsque vous arrivez à Petrolo, on ne peut qu’être impressionné par l’immense beauté du paysage. Il est situé dans le coin le plus sauvage de la Toscane. Lorsque vous sortez de la voiture, vous êtes immédiatement convaincu que les gens qui vivent à la propriété sont des amoureux de la nature. Comme le décrit le propriétaire, Luca Sanjust : « tout l’amour et le respect que nous consacrons à l’exploitation de nos terres à Petrolo se retrouvent dans la beauté des vins que la nature nous offre ».
Petrolo est une propriété de 300 hectares dont seulement 31 sont plantés en vignes. Déjà en 1716, du vin et de l’huile d’olive étaient produits à Petrolo. Les vins produits aujourd’hui à Petrolo ont leurs racines dans la période du grand-père de Luca Sanjust (dans les années 40/70) et celle de sa mère (dans les années 80/90). Le vignoble est planté de sangiovese, merlot et un peu de cabernet sauvignon. Environ 90 000 bouteilles sont produites chaque année : Torrione 50 000, Galatrona 30 000 et Bòggina 12 000. Le type de sol est principalement limoneux, avec des stratifications rocheuses variables de schiste, de marne et de grès. L’altitude se situe entre 250 et 500 mètres d’altitude.
Parlons donc avec « l’artiste du vin » Luca Sanjust, ainsi que Sebastiano Pompa. Ce dernier est en charge des mises en marché avec La Place de Bordeaux. Il revenait de Bordeaux où il a présenté le millésime 2020. Une bonne occasion pour lui poser aussi quelques questions.
Gerda: Parlez-nous de vous…
Luca Sanjust : Je suis un homme aux multiples passions : l’art, la culture et la beauté en général. Je suis éclectique, très curieux et j’aime la période renaissance de notre histoire. On peut même dire que je vis en dilettante, mais toujours de façon sérieuse (sourire). Tout doit être fait de manière sérieuse mais pas ennuyeuse !
Le vin est pour moi la transformation de la nature en culture, réalisée par l’humain. Un grand vin, un vin remarquable, c’est le destin. C’est une union entre la terre, la vigne et les hommes qui tentent de la cultiver. C’est avec passion et bonté du cœur et du travail que de grands vins peuvent être produits. Pour cela, il faut convaincre les plantes de produire la bonne quantité de raisins, la plus harmonieusement possible (en essayant de ne pas tout gâcher dans la cave…). Il ne faut surtout pas forcer la nature, juste l’aider à nous donner une belle forme de raisin, une belle maturité.. Tous les éléments du raisin, de la peau au contenu à l’intérieur, sont maintenus en harmonie, prêt à accomplir leur destin, à savoir le vin.
Gerda: Quels sont les principaux défis auxquels vous faites face personnellement, dans la pratique de votre travail ?
Luca Sanjust : Pour convaincre la nature de donner le meilleur produit. Petrolo a quelque chose de spécial et d’unique : un écosystème interconnecté (forêt, oliviers, vignes, jardins, abeilles).
Ma famille, les Bazzochi, vient de Rome, et a acheté la propriété dans les années 40. Petrolo ne fait pas partie de l’appellation historique Chianti Classico, il est situé à 100 mètres de l’appellation. C’était un cauchemar pour mon père. Ma mère a pris ça comme un défi et plus de liberté dans la sélection des raisins. Le sangiovese était déjà planté à la propriété mais elle a décidé de planter du merlot et du cabernet sauvignon. Sa décision a contribué à donner à cette terre l’important concept français de terroir, le génie du lieu (genius loci en latin). Ma philosophie de vie est de transformer la terre et la nature en vin.
Les vendanges m’épuisent chaque année, mais quand je déguste les vins 6 mois plus tard voire plus, cette fatigue disparaît et je suis émerveillé par ce beau produit. Cette transformation est vraiment magique !
La marque Petrolo Galatrona aujourd’hui et demain
Gerda : Quel(s) positionnement(s) souhaitez-vous pour votre/vos marque(s) ?
Luca Sanjust : Y a-t-il d’autres marques dans le monde… (rire). Pour être plus sérieux : je veux être reconnu comme producteur de Grands Crus avec un petit terroir. Nous ne produisons pas de vins d’entrée de gamme. Nous ne voulons produire que des vins provenant d’une sélection précise, avec leur propre signature. Nous sommes spéciaux à bien des égards : nous ne venons pas de ce monde de producteurs mais de l’art, de l’histoire, et nos racines familiales sont à Rome. La propriété est totalement bio et je souhaite transférer cette terre dans de meilleures conditions que lorsque je l’ai reçue de mon grand-père. Notamment en termes de beauté des paysages : la forêt, les oliviers et les vignes. C’est un mélange de tout et cela fait la singularité de ce lieu.
G : En quoi vos vins se distinguent et sont uniques ?
LS : Mes vins parlent la langue de mon terroir. Pour être plus précis : je n’aime pas les vins qui sont fait en cave. Les vins doivent avoir l’expression de leur origine. Les mains de l’homme ne sont là que pour transformer le raisin en vin de façon naturelle et facile.
Mes vins sont l’expression de la beauté, ils doivent être comme l’art ou la musique. Ils donnent un sourire sur les visages. J’aime les vins du monde entier et je bois toujours dans les repas. Je n’aime pas les vins forts et trop extraits. Nos vins ont de l’équilibre, de l’élégance et de la pureté. C’est un souvenir, comme une belle peinture que vous n’oublierez jamais.
Denis Durantou, qui était un ami proche, m’a dit que Galatrona est la pure expression du merlot en Toscane. Il a une acidité naturelle, une sapidité et après vieillissement il a des arômes de truffe, de sous-bois, tout d’un merlot d’exception. Galatrona est entouré d’éléments remarquables qui se reflètent dans le vin.
G : Laquelle de vos réalisations récentes aimeriez-vous partager avec nos clients ?
LS: Allora…. Il y en a trop et elles ne sont pas forcément récentes. Nous avons commencé à faire vieillir notre sangiovese dans des amphores alors que personne ne le faisait auparavant. Nous l’avons fait, afin de garder la pureté et la pleine expression de ce cépage. Nous avons commencé il y a de nombreuses années avec le concept d’un vignoble unique comme le font les producteurs du Piémont et de Bourgogne. Petrolo est sur la carte des meilleures régions de Toscane et mon objectif est d’avoir le meilleur vignoble sur cette carte. De grands vins y sont produits depuis plus de 200 ans. Nous avons la responsabilité de ne pas détruire cette zone spéciale. La nature est parfaite contrairement à l’être humain.
C’est aussi lié à notre culture. L’Italie a inventé la sprezzatura qui est le symbole de la renaissance : faire un chef-d’œuvre sans voir l’effort (Sprezzatura : capacité à donner une apparence d’aisance et de naturel aux réalisations les plus difficiles est une des caractéristiques de l’art de la Renaissance). C’est pour moi le concept des meilleures choses, et faire du vin est pour moi sprezzatura.
G : Sur quel future projets travaillez-vous actuellement (technique, commercial) ?
LS : Bonne question et la réponse est…. rester en vie, courir tous les jours et s’amuser ! Essayer de ne pas faire trop d’erreurs et profiter de la vie !
G : Depuis 2016 Galatrona est certifié bio, pourquoi avez-vous pris cette décision ?
LS : Nous sommes bio car en Toscane, nous avons les meilleures conditions pour faire des vins sans utiliser de produit chimique. Être bio est assez facile pour nous alors pourquoi ne pas être certifié ?
La Place de Bordeaux
Gerda : Quelles sont les principales raisons de vendre vos vins via La Place de Bordeaux ?
LS : Je suis un homme très pragmatique : chacun a son travail. Nous produisons de grands vins, et nous y sommes dévoués. Grâce à La Place de Bordeaux, je peux vendre mes vins aux meilleurs endroits du monde et cela renforce la marque. C’est un honneur que nos vins soient vendus par ce système. En vendant nos vins par l’intermédiaire de la Place, les producteurs peuvent gagner du temps et consacrer plus d’énergie à la qualité de leur vin.
G : Le mode de distribution a-t-il changé depuis que vous vendez via La Place de Bordeaux ?
LS : Pas vraiment, nous avions des importateurs sérieux avant de vendre via La place et nous les avons toujours. D’autre part, notre distribution est plus large et a un plus grand nombre de clients. Nous vendons toujours directement aux États-Unis, au Canada, en Italie et en Suisse. 80% de notre production est commercialisée sur la Place de Bordeaux.
Sebastiano Pompa : Oui, pas dramatiquement, des clients très intéressants ont été ajoutés, grâce à nos partenaires de la Place. Nos distributions existantes que nous avions auparavant sont toujours concentrées sur nos marques. C’est une situation gagnant/gagnant pour nous tous..
G : Bénéficiez-vous d’une plus grande visibilité grâce à La Place de Bordeaux ?
LS : Oui, mais nous ne voulons pas agrandir les 31 hectares de la propriété. Depuis que mon grand-père l’a acheté, nous ne l’avons pas agrandi, et je veux le garder ainsi afin de maintenir la beauté de ce paysage. En deux ans de commercialisation via la Place, la distribution s’est déplacée et nous vendons à un plus grand nombre de clients. Je sens qu’il y a une plus grande confiance autour de la troisième sortie de la Place qui aura lieu ce mois-ci. La confiance dans la qualité de mes vins est très importante pour moi. Je ne suis pas adepte de la spéculation car le but de chaque bouteille est d’être bu.
Sebastiano Pompa : Indéniablement, nous assistons à une augmentation de notre positionnement dans le monde. Des journalistes aux restaurateurs, ils sont tous curieux de mieux connaître Petrolo. Grâce à la Place la porte est grande ouverte.
G : Sebastiano, quel est votre rôle pour Petrolo ?
SP : Théoriquement, j’ai le même rôle pour Petrolo, Mazzei et Tenuta Sette Ponti. Je suis la personne qui s’occupe des sorties à travers la Place de Bordeaux ce mois-ci. Je suis en contact avec des courtiers et des négociants. Le degré d’implication change suivant le degré de souveraineté du producteur lui-même. Luca Sanjust est très comparable à un propriétaire de château bordelais, ce qui lui permet de me déléguer toute responsabilité dans ma relation avec nos partenaires de La Place de Bordeaux.
Prochaine mise en marché
Gerda : La prochaine sortie de Galatrona en septembre sera le millésime 2020, pouvez-vous nous parler de ce millésime ?
LS : Après un hiver plutôt doux, le printemps initialement chaud a apporté des pluies abondantes en mai et des températures plutôt froides pour la période. Au début de l’été, avec la canicule de juin, le développement de la vigne s’est réaligné sur son cours habituel. Nous avons eu peu de tempêtes en juillet qui n’étaient pas vraiment préoccupantes et les températures inférieures à la moyenne ont permis une croissance équilibrée. Les raisins ont été lavés par quelques pluies en août mais les températures chaudes ont permis une très bonne maturité pour les raisins. Les vendanges ont commencé avec le Merlot la première semaine de septembre. Le Sangiovese a été récolté à partir de la troisième semaine de septembre, même période que le Trebbiano. Le cabernet sauvignon de Campo Lusso a été, comme d’habitude, le dernier raisin récolté début octobre.
Je suis très satisfait de ce millésime qui compte parmi les plus grands que nous ayons produits à Petrolo.
Les vins dégustés
Torrione 2020, IGT Toscana Rosso : Ce vin est une image de Petrolo, un assemblage des raisins de tous les vignobles de Petrolo : 80% sangiovese, 15% merlot et 5% cabernet sauvignon.
Le vin est engageant, il a beaucoup de fruits rouges. Il est bien équilibré, croquant et 20% des cépages bordelais donnent du poids en milieu de bouche.
Boggina A 2020, DOC Val d’Arno: 100% sangiovese
Seulement 1296 bouteilles et 20 magnums sont élaborés pour ce vin, qui est vinifié et élevé 5 mois dans des amphores en terre cuite de 300 et 500 litres. Le vin a toute l’expression du sangiovese : orange sanguine et arômes terreux. Il a de la complexité et une fraîcheur bien équilibrée. Il est croustillant avec une belle tension. Il a déjà beaucoup de buvabilité, mais peut se garder encore de nombreuses années. La pleine expression sangiovese du beau terroir de Petrolo !
Galatrona 2020, DOC Val d’Arno: 100% merlot
J’ai souvent écrit que les meilleurs merlots sont, selon moi, à Bordeaux. Mais je dois être honnête, je suis vraiment impressionnée par ce vin. Denis Durantou avait raison, Galatrona est la pure expression du Merlot en Toscane. Comme le décrit Luca : le sol particulier (riche en argile en combinaison avec du schiste, de la marne et des grès) permet la concentration de tous les composants nobles des raisins, fondamentaux pour la grande structure, l’élégance, l’équilibre et la persistance recherchés pour ce vin. Je ne peux que rajouter BRAVO à ce vin d’exception !
Après la visite de la propriété, nous avons eu un dîner fantastique avec Luca, au cours duquel nous avons savouré un Galatrona 2005. Le sourire sur son visage est le reflet de ce vin exceptionnel.
C’est l’ultime compliment pour un vin quand il rend heureux !
Boggina B 2020, IGT Toscana: 100% trebbiano
Les vignes sont clonées à partir du Trebbiano original de Valdarno, connu depuis 300 ans pour sa qualité. Pendant 15 mois, le vin est élevé sur lies en fûts de chêne français avec bâtonnage traditionnel.
Encore une fois, Luca et son talentueux vigneron Simone Cucolli apportent une expression pure à la terre à travers le vin. Le sol rocheux de Galestro en combinaison avec l’emplacement et ce cépage local donne au vin de beaux arômes corsés de pêche, de miel, de pierre et le tout est relevé par le citron. Ce vin blanc peut vieillir de nombreuses années !
Gerda BEZIADE a une incroyable passion pour le vin, et possède une parfaite connaissance de Bordeaux acquise au sein de prestigieux négoces depuis 25 ans. Gerda rejoint Roland Coiffe & Associés afin de vous apporter avec « Inside La PLACE » davantage d’informations sur les propriétés que nous commercialisons.