Aline Baly
Directrice Marketing et Communication, co-propriétaire et gestionnaire
En poste depuis 2008
Rencontrée par Gerda au Château
Château Coutet
1er Grand Cru Classé
Barsac
Gerda : Parlez-nous de vous…
Aline Baly : Je suis Franco-Américaine et passionnée de voyages, de gastronomie et de lecture. J’aime communiquer avec les gens. Grâce à mes parents je suis une femme avec une double culture : d’une part la culture américaine, j’ai effectué mes études aux Etats-Unis, mes parents y vivent encore et d’autre part la culture française par l’origine de ma famille. C’est pour Coutet que je suis revenue en France en 2008. Le vin rassemble tous les éléments de la vie que j’apprécie. Il a la force de nous connecter les uns aux autres grâce à de nombreuses rencontres.
J’ai un devoir de responsabilité et de continuité vis-à-vis de Château Coutet. J’aime faire de l’opérationnel mais avec une vision de long terme. Je ne peux pas faire les choses à moitié. Pour chaque millésime nous devons construire un nouveau puzzle avec des nouvelles pièces, c’est un jeu de décision.
Gerda : Quels sont les principaux défis auxquels vous êtes confrontés personnellement, dans la pratique de votre métier ?
Aline Baly : Quand je suis arrivée à Coutet en 2008 j’étais novice. J’avais beaucoup de choses à apprendre car ce monde m’était inconnu. C’est le paradoxe de Sauternes : c’est une des appellations les plus connues, et pourtant toute petite (2 300 hectares). Il y a cependant toujours des gens qui ne connaissent pas. C’est un vrai obstacle qui peut être dépassé en partageant l’expérience de nos vins avec le consommateur. Il faut voyager, recevoir à la propriété et éduquer ! Aujourd’hui, Sauternes a la capacité de trouver la solution pour vendre. Pour n’importe quel produit, il faut penser au consommateur : faire du digital, de l’œnotourisme, mais surtout donner l’expérience de nos vins en partageant nos expériences autour de nos grandes bouteilles. Nous devons adapter notre business model au marché et ensuite : « Do the work », se servir de nos forces le mieux possible. C’est un beau challenge !
Vendange 2022
Aline Baly : Nous avons commencé par les blancs secs le 28 août, nous avons du patienter jusqu’à la première semaine d’octobre pour voir se développer un botrytis sur des raisins magnifiques. Quatre passages furent nécessaires pour rentrer une vendange très qualitative avec une concentration exceptionnelle. Le gel de 2021 à limiter les rendements, mais fin octobre, nous avons vu en chais l’espérance d’un grand millésime 2022.
La marque Coutet aujourd’hui et demain
Gerda : Quel(s) positionnement(s) souhaitez-vous pour votre/vos marque(s) ?
Aline Baly : L’instruction est marquée sur l’étiquette de Coutet : 1er Grand Cru Classé. Ce classement est une promesse, une force et aussi une exigence.
G : En quoi vos vins se distinguent, et sont uniques ?
AB : Coutet vient du mot couteau. Il se distingue par sa vivacité tranchante du terroir froid de Barsac. Le vin a toujours une ligne nette et directe.
G : Laquelle de vos réalisations récentes aimeriez-vous faire partager à la clientèle ?
AB : Le vignoble s’inscrit dans un temps long. J’aimerais parler d’un de mes premiers projet à la propriété : notre vin blanc sec Opalie de Château Coutet, dont le premier millésime est 2010. Ce projet est le résultat d’une collaboration étroite avec Baron Philippe de Rothschild SA, avec qui nous avons un accord commercial et technique. C’était un moment enrichissant de team-building entre plusieurs générations et plusieurs cultures. Mon oncle et moi avons appris à travailler ensemble grâce à ce projet.
Nous avons un grand terroir pour faire du vin blanc sec et nous avons des vignes uniquement dédiées à Opalie. La production s’établit autour de 3 000 bouteilles. Ce vin unique nous aide a expliquer la fraîcheur de Coutet. Opalie présente la vivacité et des notes d’agrumes que l’on retrouve également dans Coutet. Grâce à Opalie nous offrons aux consommateurs une expérience différente pour se diriger ensuite vers le grand vin. Ce vin blanc sec est donc un atout pour amener de nouveaux consommateurs vers la magie du Botrytis noble !
G : Sur quels projets futurs travaillez-vous en ce moment ?
AB : Nous sommes en train de finir de reconstituer le vignoble exactement comme il était en 1855. Nous avons récemment racheté les dernières parcelles qui nous manquaient. Nous avons actuellement 44 hectares d’un seul tenant (comme en 1855) avec 1 hectare qui n’est pas en production.
Nous travaillons aussi pour la pérennité du vignoble dont la moyenne d’âge est de 50 ans. Nous avons à cœur de faire perdurer notre vignoble en investissant intelligemment.
G : Où en est(sont) votre(s) propriété(s) en matière de « transition écologique » ?
AB : Nous sommes certifiés en HVE3 et notre philosophie est basée sur la durabilité : notre conduite du vignoble préserve notre environnement, nos sols, nous avons une vision sur le long terme avec du bon sens et en mesurant les risques.
Le commerce
Gerda : Quelles sont vos priorités en termes de développement commercial ?
Aline Baly : Depuis 1990, nous avons un accord technique et commercial avec Baron Philippe de Rothschild SA. Nous bénéficions donc de leur savoir-faire. Commercialement, ils gèrent les offres pour nos vins. Ainsi, ils disposent dans leur gamme d’un produit de qualité qui est un Premier Cru Classé, répondant aux attentes du consommateur avec un excellent rapport/qualité prix, complémentaire à leur offre.
Mon rêve serait que nos vins, Barsac et Sauternes, soient toujours mentionnés comme Gold Wines sur la liste des vins dans les restaurants et plus comme vins de dessert. On trouve Red Wines et White Wines donc notons Gold Wines ! C’est dans la logique des choses. Très souvent, nos vins apparaissent sur la carte des desserts. Cependant, ils s’accordent aussi très bien avec un poulet rôti, du foie gras, du fromage ou en apéritif. Nous avons une culture gastronomique où le sel et le sucre peuvent être associés. Le nom Gold Wines peut renvoyer à cette tradition culinaire dans laquelle il n’y a pas de règle qui précise le moment et le plat pour savourer nos vins. Il ne faut pas oublier non plus que nous sommes une source d’inspiration pour d’autres régions viticoles qui ont leur propre vin liquoreux issu du botrytis. Nous avons une appellation qui a tout ce qu’il faut pour réussir : des vins extraordinaires et des vieilles pierres, l’histoire et la gastronomie.
G : Quels supports d’aide à la vente sont à disposition des distributeurs pour promouvoir vos vins ?
AB : Nous avons un site internet et nous sommes très actifs sur les réseaux sociaux. Philippe Baly (Co-propriétaire et PDG) et moi donnons tout notre temps disponible pour promouvoir nos vins. Aussi, nous recevons régulièrement à la propriété afin de faire vivre Coutet.
G : Prévoyez-vous des sorties commerciales ou mises en marché dans un futur proche ?
AB : Nous vendons principalement en primeur, mais aussi de temps en temps en livrable pour animer le marché. Nous avons encore un très vieux stock à la propriété dont la plus vieille bouteille date de 1870 ; ce stock est la mémoire du Château.
Site Internet et Instagram
La bouteille de cœur d’Aline Baly
Gerda : Si vous aviez une seule bouteille de cœur ?
Aline Baly : Sans hésitation, c’est Coutet 2009. Je reste fidèle à l’émotion de mon premier millésime à Coutet.
Les vins dégustés
Le professeur Axel Marchal l’a très bien dit : toute l’humanité se trouve dans une bouteille de Sauternes/Barsac. Un autre professeur Fabrizio Bucella de l’Université Libre de Bruxelles a déclaré le 11 juin dernier lors de la conférence TEDx sur le thème « moins mais plus », qu’une bouteille de Sauternes ouverte dans la porte de son frigo se conserve extrêmement bien pendant 5 semaines !
Des raisons de plus pour ouvrir une bouteille de ces plus grands vins au monde et de faire de notre mieux pour que ces vins soient bus !
Château Coutet 2019 : 75 % sémillon, 23 % sauvignon blanc, 2 % muscadelle
Aline a raison de décrire ce vin comme un style très moderne. Il a la typicité de cette fraîcheur, au nez on trouve des notes de gingembre, de mangue et de poire. La bouche est fraîche avec une finale qui invite à reprendre une 2ème gorgée sans hésitation.
Château Coutet 2010 : 75 % sémillon, 23 % sauvignon blanc, 2 % muscadelle
C’est un millésime exceptionnel ! Au nez, on trouve des arômes d’agrumes, fruits exotiques et figues. En bouche, c’est une explosion de complexité mais maîtrisée, ce n’est pas lourd car la minéralité et la salinité font de ce vin un très grand. On ne se lâche pas du tout et déjà à 11h30 j’ai rêvé d’un poulet rôti avec une peau bien croustillante. C’est magnifique !
Château Coutet 1989 : 75 % sémillon, 23 % sauvignon blanc, 2 % muscadelle
C’était superbe de déguster 3 millésimes différents de Coutet avec le style « couteau », c’est une fraîcheur tranchante, toujours présente et qui donne à ce vin une grande buvabilité ! 1989 est aussi un grand millésime. Après 33 années, on trouve des arômes de miel, de fruits confits, de figues, de thé noir : c’est très complexe. En bouche, le vin a une profondeur exceptionnelle et il a encore un grand potentiel de vieillissement. La finale est portée par beaucoup de fraîcheur verticale qui donne une longueur impressionnante.
Gerda BEZIADE a une incroyable passion pour le vin, et possède une parfaite connaissance de Bordeaux acquise au sein de prestigieux négoces depuis 25 ans. Gerda rejoint Roland Coiffe & Associés afin de vous apporter avec « Inside La PLACE » davantage d’informations sur les propriétés que nous commercialisons.