Inside La Place – Tenuta Ornellaia

Axel Heinz

Directeur Général Tenute Ornellaia

En poste depuis 2005

Rencontré par Gerda


 

En juillet 2022, j’ai eu l’immense plaisir de visiter quelques domaines en Toscane chez qui nous sommes allocataires. La beauté des paysages, la générosité des Italiens, le savoir-vivre et la grande qualité des super toscans sont connus dans le monde entier : je devais aller voir sur place et pas seulement pour mieux les connaitre mais aussi pour partager leurs philosophies avec vous. Ces vins d’exceptions ont trouvé leurs places dans la distribution par La Place de Bordeaux. Je débute mon périple par un entretien avec un des œnologues les plus connus d’Italie, Axel Heinz, qui travaille pour la grande famille Frescobaldi depuis 2005. Axel est aujourd’hui le directeur des Domaines Ornellaia et connaît ce grand terroir comme personne. 

Tout d’abord, un peu d’histoire sur ce vignoble emblématique de Toscane. C’est en 1981 que le Marquis Lodovico Antinori tombe amoureux de ce terroir magnifique planté avec des oliviers et décide de créer Ornellaia. Le nom provient d’un lieu-dit. Les premières vignes sont plantées en 1982 le Marquis a pris l’excellente idée de garder les oliviers centenaires qui font toujours partie du magnifique paysage. L’agroforesterie est naturellement présente. Le premier millésime est le 1985, année de début de la construction du nouveau chai qui sera inauguré en 1989. En 1999, Robert Mondavi rejoint l’aventure toscane et prend une part minoritaire d’Ornellaia et le charismatique Giovanni Geddes da Filicaja est nommé PDG. Trois ans plus tard, Robert Mondavi acquit la totalité du vignoble et cède 50% à la famille Frescobaldi qui devient rapidement propriétaire à 100% en 2005. Dès lors, cette famille emblématique des vignobles toscans depuis plus de sept siècles met au service du domaine son savoir-faire historique, donnant ainsi à Ornellaia ses lettres de noblesse. C’est la même année en 2005, qu’Axel Heinz est nommé œnologue de ces 112 hectares au pied des collines près de Bolgheri, à seulement quelques kilomètres des bords de la Méditerranée, là, les vignes et les oliveraies respirent les embruns marins durant l’été et s’abritent des vents froids du nord pendant l’hiver.

 

Gerda : Parlez-nous de vous…

Axel Heinz : Je suis un passionné qui est arrivé ici par amour du vin. Je suis né et j’ai grandi en Allemagne où j’ai été dès mon plus jeune âge initié aux vins Italiens. Une partie de ma famille est française, d’origine Bordelaise et plus précisément du bassin d’Arcachon. Très tôt, je savais que je ferai mon métier dans le vin grâce à ma famille française. J’ai commencé avec un BTS mais un professeur m’a dit que je pouvais faire mieux. Je l’ai écouté et après le lycée agricole de Blanquefort j’ai poursuivi à la faculté d’œnologie de Bordeaux. Dans un premier temps, j’ai pensé faire toute ma carrière à Bordeaux et …. non. Depuis 2005, j’ai la chance de travailler pour Ornellaia.

Gerda : Quels sont les principaux défis auxquels vous êtes confrontés personnellement, dans la pratique de votre métier ?

Axel Heinz Ils ont évolué et ce n’étaient pas les mêmes au début de ma carrière. Aujourd’hui, mon plus gros défi est de faire partager les projets avec les équipes. Cela prend du temps, mais il faut le prendre si on souhaite d’aller plus loin avec eux. Tout le monde n’y arrive pas. Heureusement, j’étais suffisamment jeune, 32 ans, quand je suis arrivé pour prendre le temps et fédérer une équipe. Dès qu’on a récolté l’adhésion il n’y a pas de limites. Chaque jour est un opéra et tout est possible. J’ai toujours eu une attirance pour la culture latine et il y a une différence notable entre la France et l’Italie, « les Italiens ne sont pas des râleurs mais il faut leur expliquer». On aimerait quelquefois perdre moins de temps mais ce temps d’explication est primordial et permet l’adhésion de mon équipe. Il faut leur laisser aussi une certaine liberté. En France la gestion est davantage directive.

Quant aux défis climatiques, il ne faut pas oublier qu’à Ornellaia nous sommes dans une zone Méditerranéenne et nous avons l’habitude des fortes chaleurs et des périodes sèches. Aujourd’hui, Bordeaux est confronté à ces conditions que nous avons déjà solutionnées, par exemple : comment vinifier des raisins qui arrivent dans le chai à 14 degrés et comment récolter au bon moment afin qu’ils ne dépassent pas 16 degrés. Nous nous adaptons et nous avons compris que nous n’avons pas besoin d’une surface foliaire énorme de la vigne. Il faut moins intervenir et les vignes se porteront mieux ! Il faut trouver l’équilibre et créer les conditions optimales.


 La marque Ornellaia aujourd’hui et demain

 

: En quoi vos vins se distinguent, et sont uniques ?

Axel Heinz : Au sein de l’appellation, nous avons compris et assumé que nos vins ont un caractère méditerranéen. Même si nous avons la filiation Bordelaise la plus forte par Thomas (Thomas Duroux, Directeur Général du Château Palmer a été winemaker à Ornellaia de 2001 à 2004) et moi, nous avons compris que nos vins restent des vins de soleil. Ils sont généreux, flamboyants mais gardent l’élégance, la finesse et la buvabalité. Nous n’avons jamais pris Bordeaux comme un modèle. Les vins de Bordeaux sont plus frais et droits. Nous avons gardé notre propre identité. Dernièrement, Bordeaux a produit quelques millésimes plus murs qui se rapprochent de nos vins. Pour un millésime comme 2018, on peut vraiment se tromper entre Bordeaux et l’Italie.

Pourriez-vous me définir un vin exceptionnel ?

Axel Heinz : Oui et non car c’est difficile de décrire un vin exceptionnel avec des mots. On le comprend tout de suite quand on le goûte. Ces vins sont au-delà du contexte. J’ai du mal à dire pourquoi même si j’en bois assez souvent. Pendant ces grands moments je suis surpris que ces vins puissent être au-dessus des autres. J’ai ressenti cette sensation unique dernièrement avec La Mission Haut-Brion 1989 lors d’une dégustation à New York. Les plus grands vins du monde étaient servis mais ce vin était pour moi le plus exceptionnel à cet instant.

: Laquelle de vos réalisations récentes aimeriez-vous faire partager à notre clientèle ? 

Axel Heinz : La réalisation de nos vins blancs. Cela a été un vrai défi, pas uniquement pour la vinification mais aussi pour la mise en place, Bolgheri a une terre de vins rouges. Un journaliste italien a bien décrit la différence entre la vinification des rouges et des blancs : « Faire des vins rouges est comme faire de la cuisine, on peut se permettre une certaine liberté par rapport à la recette. Faire des vins blancs est comme la pâtisserie, il faut suivre la recette très précisément ». Nous avons 10 hectares de vigne de blanc : sauvignon blanc, viognier, verdechio et un petit peu de sémillon. A partir du millésime 2022 nous aurons 2 hectares de plus en production. Ce que nous aimons le plus c’est le sauvignon blanc (69% dans l’assemblage de Poggio Alle Gazze dell’Ornellaia 2020, Toscane IGT Bianco). Ce n’est pas le cépage le plus typique pour notre terroir mais grâce à lui nos vins blancs gardent leur vivacité et leur tonus. Personnellement, j’aime aussi le vermentino qui est le cépage blanc le plus planté en Italie. Il est moins gras et floral que le viognier que je perçois comme un cépage plus compliqué par rapport à notre terroir.

: Où en est(sont) votre(s) propriété(s) en matière de « transition écologique » ?

Axel Heinz Allora…. Nous avons entrepris une démarche pour le développement durable et depuis 10 ans nous avons une partie de notre vignoble en bio. Nous avons envie d’en connaître davantage pour avoir un avis propre à ce sujet. Nous voulons éviter le débat caricatural entre les méchants qui appliquent la viticulture conventionnelle, et les bons qui appliquent une viticulture bio. Dans ce débat, il y a une série d’arguments qui passe à la trappe. Des questions comme : combien de fois et comment faut-il traiter, faut-il réduire les doses … etc. Tout le monde s’observe et regarde les attentes du marché. Pour être en viticulture bio, il faut être un excellent viticulteur. Nous sommes inspirés par cette viticulture et nous allons certainement dans cette direction sans demander la certification. En Bolgheri, n’avons pas de problème de mildiou et l’oïdium nous embête très peu : c’est un luxe. Nous travaillons uniquement avec du compost et du fumier naturel et nous développons le plus possible la biodiversité.

Nous avons la chance que la Toscane soit une région très diversifiée et ne connaît pas la monoculture. Les anciens ont toujours planté un rang d’oliviers, un rang d’arbres fruités, un rang de vignes et un rang de potager. La notion de préservation de ce paysage unique est très développée et c’est un véritable avantage pour notre viticulture. C’était du bon sens d’entretenir ce mode de conduite.

G : Changement climatique, comment se protéger ?

Axel Heinz : Nous sommes encore dans l’inconnu, mais il y a une chose qui est claire, il faut se diversifier le plus possible et s’inspirer davantage de la viticulture du Sud que du Nord. Nous avons toujours regardé Bordeaux et la Bourgogne dans le passé mais aujourd’hui il faut regarder le sud : comment la viticulture du sud de La France et de l’Italie se protège ? Il faut explorer les pistes pour trouver des solutions pertinentes sur l’encépagement, la taille, sur la possibilité de laisser les vignes en gobelets par exemple. La solution est multiple mais on a souvent le tort de trouver une solution et de s’en satisfaire sans aller plus loin. Je suis convaincu que nous allons continuer à faire du merlot chez nous, même si c’est un cépage que nous ne pouvons plus faire partout en Bolgheri.

G : Vous êtes à la propriété depuis 17 ans, quels sont les plus grands changements que vous avez accompagné ?

Axel Heinz : Il y a eu un changement fondamental : pour la première fois dans notre histoire, nos vignes sont adultes (1985 était le premier millésime d’Ornellaia). Nos plus vieilles vignes ont 30 ans aujourd’hui. Nous savons aujourd’hui ce que les vignes peuvent nous donner et nous nous posons moins de questions. C’est plus facile pour faire les choix sur la date des vendanges par exemple, ou sur les vendanges en vert que nous faisons beaucoup moins aujourd’hui. L’âge apporte de la stabilité dans le management du vignoble. C’est le plus important changement depuis mon arrivée en 2005. Ornellaia avait déjà une belle réputation mais c’était encore une promesse, maintenant nous avons passé un cap. Je me sens privilégié d’avoir accompagné ce magnifique vignoble qui est, aujourd’hui, établi parmi les plus prestigieux. Nous venons juste d’atteindre une maturité et nous n’avons pas fini de faire des découvertes avec ses vignes qui avancent en âge. Il y aura toujours des surprises, des possibilités, des cohabitations entre des éléments externes, intéressants et excitants. C’est une belle trajectoire qui n’est pas encore terminée et qui est accompagnée par une famille visionnaire enracinée dans la tradition toscane.

G : Votre consultant est Michel Rolland, pourquoi travaillez-vous avec lui ?

Axel Heinz : Michel Rolland est notre conseiller depuis 1991 et vient 3 fois par an. Il connaît très bien le domaine et il est la mémoire d’Ornellaia. Il est un assembleur remarquable. Il a un style et, même si vous n’êtes pas forcément d’accord, il s’adapte beaucoup à ses clients et c’est une grande force. De plus, Michel fait toujours ce travail avec plaisir, enthousiasme, curiosité et passion. C’est sa grande force.

Il faut avoir un consultant car le plus dangereux dans notre métier est de tourner autour de soit. Cependant, il ne faut pas  avoir un conseiller qui vous glorifie. Le conseiller doit vous dire quand vous avez tort. C’est un problème si le consultant prend trop d’importance dans le domaine. Le consultant doit rester un consultant.

J’ai travaillé aussi avec Denis Dubourdieu pour lequel j’ai beaucoup de respect et d’admiration.

 


Les vins dégustés

 

Axel Heinz : Le millésime 2022 constitue une belle surprise après une année climatique torride et assez imprévisible. Voici quelques lignes sur les différent vins :

LE VOLTE dell ‘Ornellaia 2021 : Issu d’un millésime marqué par une saison sèche et ensoleillée favorable a des vins puissants et structurés, Le Volte 2021, qui reste un assemblage dominé par le Merlot, exprime le caractère charnu et ample du millésime sans sacrifier la fraîcheur, le croquant du fruit et le soyeux des tannins. C’est un Le Volte gourmand et solaire.

LE SERRE NUOVE DELL’ORNELLAIA 2020 : Tout comme 2019, 2020 est un millésime ensoleillé. Une pluviométrie suffisante a permis une belle maturation sans excès liés à la sécheresse. Généralement un peu plus chaud et précoce par rapport à 2019, 2020 nous donne un Le Serre Nuove marqué par un fruit intense et mur et une texture charnue et enveloppante. L’exubérance du fruit le rend déjà très agréable à déguster, mais il dispose d’une structure solide qui lui permettra de vieillir quelques années en cave.

ORNELLAIA 2020 La Proporzione : L’Ornellaia 2020 s’exprime dans le registre de fruits noirs intensément mûrs du millésime, mais avec une touche de complexité raffinée où se mêlent des notes torréfiées et épicées. C’est un Ornellaia riche et velouté, d’une maturité bien encadrée par une trame tannique ferme et racée qui rappelle d’excellents millésimes tel 2021, 2000 ou 1997.

POGGIO ALLE GAZZE DELL’ORNALLAIA 2021 : Pour les rouges et pour les blancs de Bolgheri, 2021 et un grand millésime dans le registre de la puissance et de la maturité. C’est également vrai pour Poggio alle Gazze qui s’exprime sur des notes de fruits mûrs et de fleurs blanches. En bouche, le vin est ample et suave avec un fruit qui reste pur et croquant malgré la maturité, soutenu par une belle trame acide à la fin de bouche sapide et saline.

 

Les vins du domaine Ornellaia sont commercialisés par Roland Coiffe et Associés exclusivement sur les marchés suivants : Asie (Japon inclus), Moyen Orient, Afrique, Océanie, Amérique du Sud. 

Mise en marché : 27 Février

Gerda BEZIADE a une incroyable passion pour le vin, et possède une parfaite connaissance de Bordeaux acquise au sein de prestigieux négoces depuis 25 ans. Gerda rejoint Roland Coiffe & Associés afin de vous apporter avec « Inside La PLACE » davantage d’informations sur les propriétés que nous commercialisons.