Guillaume Thienpont
Directeur Technique
En poste depuis 2011
Rencontré par Gerda au Château
Vieux Château Certan
Château Le Pin
Pomerol
Gerda : Parlez-nous de vous…
Guillaume Thienpont : Je pourrai résumer en disant que je suis passionné par mon métier. Les vignobles de Vieux Château Certan et du Château Le Pin sont les endroits sur lesquels je focalise la majorité de mon énergie. Comme mon père, j’aime la précision et le travail bien fait. Je me considère aussi comme quelqu’un de fiable et de droit : ce sont des traits de caractère que nous apprécions dans la famille.
Gerda : Quels sont les principaux défis auxquels vous êtes confrontés personnellement, dans la pratique de votre métier ?
Guillaume Thienpont : Aujourd’hui, nous sommes dans un monde en perpétuel mouvement, rien n’est standard et tout change très vite. Ce n’est pas seulement vrai pour le climat. Il faut continuellement s’adapter, donner le meilleur de soi-même et ne pas se reposer sur la fatalité.
Nous travaillons à VCC et à Le Pin dans un souci d’excellence et c’est un luxe de pouvoir travailler dans ces conditions. C’est une vraie chance.
Vendanges 2022
Gerda : Pourriez-vous me donner un souvenir des vendanges 2022 ?
Guillaume Thienpont : Nous avons été surpris par la résistance de la vigne. Elles ont étonnamment bien supporté la contrainte climatique de l’été 2022. L’endurance de cette plante s’est confirmée dans la cuve. Cette année plus particulièrement, la manière de sélectionner les grappes avant récolte a été déterminante pour la qualité. Il n’y a pas de recette toute faite, les viticulteurs doivent s’adapter en permanence. Tout cela ne se fait pas tout seul. Cela demande beaucoup d’implications et quand on a fini, il faut recommencer. Les premiers jus montrent beaucoup de fraîcheur dans le vin. Il y a de la joie et de la puissance avec de la suavité. 2022 ne sera pas un 2003 comme certains observateurs auraient pu le craindre. Je le situe plus aujourd’hui entre un 2009 et un 2020.
La marque Vieux Château Certan (VCC) aujourd’hui et demain
Gerda : Quel(s) positionnement(s) souhaitez-vous pour votre marque ?
Guillaume Thienpont : VCC a un caractère bien défini et une identité bien particulière parmi les meilleurs vins de Bordeaux. Notre objectif est de tenir notre rang et de perpétuer l’excellence millésimes après millésimes.
Nous sommes une famille, et dans un souci de précision et de sublimation de notre terroir, toutes les étapes de la fabrication sont réalisées selon notre expertise, par nos propres soins. C’est une de nos spécificités. Car le vin est la traduction de son terroir et des hommes qui l’entourent. Un autre des piliers de notre réflexion dans l’élaboration d’un millésime est que nous construisons notre vin pour qu’il s’épanouisse avec le vieillissement. Nous avons une vision sur le long terme.
G : En quoi vos vins se distinguent, et sont uniques ?
Guillaume Thienpont : La signature de nos vins que sont Vieux Château Certan et Le Pin est leur finesse et leur persistance aromatique. Nos vins sont plus parfumés que puissants. Son ADN est vraiment cette signature olfactive apportée par son terroir et ses cépages. Sur nos terres, le merlot apporte la flamboyance et le fruit, le cabernet-franc qui est plus floral donne la suavité et la persistance. Le cabernet-sauvignon représente quant à lui la troisième dimension de l’assemblage, c’est le sel et le poivre qui lie les composants du vin ensemble pour en faire un tout. Vieux Château Certan est un vin racé, il est tout le contraire d’un vin assommant. Le Pin est un vin aux tanins caressants, la quintessence du merlot pur et élégant.
G : Laquelle de vos réalisations récentes aimeriez-vous faire partager à la clientèle ?
Guillaume Thienpont : La réalisation d’intervenir dans mon vignoble avec parcimonie et j’aimerais citer une phrase de mon père afin d’illustrer : « le viticulteur est tributaire de la météo et de la nature en général ». Ma pratique est de conduire le vignoble en intervenant le moins possible. C’est un pilotage extrêmement étroit. C’est comme éduquer un enfant. Il ne faut pas aller trop loin pour masquer son naturel et la remise en question doit être permanente.
G : Sur quels projets futurs travaillez-vous en ce moment ? (Techniques, marketing, ou commerciaux)
Guillaume Thienpont : Notre énergie est tournée vers la conduite de notre vignoble. Nous sommes dans le réel, les pieds dans les vignes et les mains dédiées à l’élaboration d’un grand vin. Nous avons la chance d’avoir une propriété qui a les capacités de nos ambitions. Bien sûr, nous suivons les évolutions et si c’est nécessaire de faire une amélioration nous la faisons, mais si les choses fonctionnent, pourquoi « changer une équipe qui gagne » ?
G : Où en est(sont) votre(s) propriété(s) en matière de « transition écologique » ?
Guillaume Thienpont : Je considère que par essence, notre métier est écologiquement vertueux, les vignes étant par nature des végétaux pérenne qui sont des machines à capter le CO2. Nous faisons le nécessaire pour garder nos vignes en bonne santé, et c’est déjà beaucoup. Nous surveillons de prêt notre sol qui a de la vie : mes parents vivent sur place, ils sont très sensibles à leur environnement, notre vigne pousse dans un écosystème sain et respecté et c’est probablement une des raisons pour laquelle elle a très bien supporté les conditions stressantes de cette année.
Le commerce
Gerda : Quelles sont vos priorités en termes de développement commercial ?
Guillaume Thienpont : De continuer à faire 100 % confiance à la Place de Bordeaux qui nous permet d’avoir une belle distribution éclatée de nos vins. La Place de Bordeaux a une force de vente énorme. C’est un modèle commercial qualitatif envié par le monde entier.
G : Quels supports d’aide à la vente sont à disposition des distributeurs pour promouvoir vos vins ?
Guillaume Thienpont : Nous faisons la promotion de VCC quand les clients viennent à la propriété et mon père et moi voyageons aussi quand des évènements sont organisés. Nous privilégions la qualité des déplacements sur le volume. Nous sommes très attachés à suivre notre vignoble personnellement, et nous avons fait le choix de recevoir à la propriété pour les primeurs. En 2018, nous avions reçu environ 800 personnes. Nous pensons qu’il est important de présenter personnellement notre nouveau millésime. Nous vendons plus de 90 % de notre récolte chaque année en Primeurs. Le reste est gardé pour des dîners et des manifestations.
G : A quels millésimes le marché devrait s’intéresser ? et pourquoi ?
Guillaume Thienpont : Tous les millésimes ont leur intérêt et s’il y a marqué VCC sur l’étiquette cela veut dire que le vin est synonyme de qualité ! Nous sommes capables de prendre des décisions extrêmes, en 1991, nous n’avions pas fait de VCC, et en 2003 seulement 800 caisses contre environ 4000 caisses dans une année normale. Une autre particularité de VCC est son assemblage. Le 2003 est constitué de 20 % de merlot et de 80 % de cabernet franc. Le millésime 1998 contient principalement du merlot alors que 2000 est très marqué par le cabernet franc. Nous faisons chaque année un choix des meilleurs raisins pour VCC afin de respecter le niveau de qualité.
La bouteille de coeur de Guillaume Thienpont
Guillaume Thienpont : Vieux Château Certan 1950, cette bouteille m’a donné une grande émotion, la signature olfactive est incroyable. Il est d’un type de vin mur, frais et persistant et qui parait encore tellement jeune.
J’aime penser que le Vieux Château Certan que nous faisons aujourd’hui pourra procurer ce même plaisir aux générations futures.
Gerda BEZIADE a une incroyable passion pour le vin, et possède une parfaite connaissance de Bordeaux acquise au sein de prestigieux négoces depuis 25 ans. Gerda rejoint Roland Coiffe & Associés afin de vous apporter avec « Inside La PLACE » davantage d’informations sur les propriétés que nous commercialisons.