Directeur Général AXA Millésimes
Rencontré par Gerda au Château Pichon Longueville Baron
Christian Seely a pris en 1993 la direction générale de Quinta Do Noval, au Portugal. Le groupe AXA le nomme en 2000 directeur général d’Axa Millésimes, filiale d’Axa, groupe international d’assurances. Il gère, depuis, l’ensemble du portefeuille d’Axa Millésimes, dont le siège se situe au château Pichon Baron à Pauillac. Outre ce grand cru classé de Pauillac, Christian Seely est responsable des châteaux Pibran à Pauillac, Suduiraut à Sauternes, ainsi que du Domaine de l’Arlot en Bourgogne, de Diznoko en Hongrie, de Quinta do Noval au Portugal, de deux vignobles en Californie, dont Outpost (Napa) et Platt Vineyard (Sonoma).
Terroirs, Vignes et Chais
Gerda : Quels sont les principaux défis techniques auxquels Bordeaux va être confronté dans les prochaines années ?
Chistian Seely : Chaque année, nous sommes confrontés aux défis de produire les meilleurs vins, en fonction des conditions météorologiques que la nature nous offre. C’est une occupation qui, par sa nature même, représente un défi quotidien et constitue l’essence même de ce métier. Chaque année, il y a du travail à accomplir et il est essentiel d’être extrêmement attentif à tous les dangers, risques et opportunités qui se présentent. Je ne dis pas cela pour souligner que le métier est difficile et désagréable. Au contraire, c’est tout cela qui en fait son intérêt et qui rend cette activité si passionnante.
Pour vous fournir un autre élément de réponse, il est vrai que nous sommes confrontés au défi climatique. C’est une évolution préoccupante et il est donc nécessaire d’adapter nos pratiques afin de continuer à produire des vins pour lesquels Bordeaux est renommé.
Un Grand Cru Bordeaux est un vin qui historiquement possède une certaine fraîcheur et qui est complexe. Il est essentiel de ne pas perdre cette idée de fraîcheur dans nos vins en raison du changement climatique. Il est primordial de rester vigilant, car avec des températures plus élevées, les vins peuvent présenter des niveaux d’alcool plus élevés. Il y a 30 ans, lorsque j’ai commencé à travailler avec les vignobles, notre objectif principal était la maturité des raisins. Aujourd’hui, la maturité n’est pas difficile à atteindre, mais il est plus complexe d’obtenir cette fraîcheur. Nous avons donc entrepris de nombreuses démarches pour relever ce défi : utilisation de couverts végétaux et modification des assemblages. Il y a 30 ans, Pichon était composé de 60 % de cabernet sauvignon et de 40 % de merlot. Ces dernières années, nous avons augmenté la proportion de cabernet sauvignon à 80 % jusqu’à même 87 %, et cette proportion plus élevée de cabernet nous permet de mieux préserver la fraîcheur.
G : Quels sont les défis personnels dans la pratique de votre métier ?
CS : Il y a beaucoup de responsabilités qui incombent à ma direction du groupe vinicole d’AXA Millésimes, qui possède plusieurs vignobles à travers le monde.
Personnellement, je m’implique profondément dans la gestion des vignobles et l’élaboration des vins. Il est crucial d’avoir des personnes dévouées et passionnées à chaque emplacement sur lesquelles nous pouvons compter. Et qui peuvent relever les défis dont j’ai parlé précédemment : produire les meilleurs vins possibles dans les conditions climatiques données. Mon plus grand défi personnel est également de trouver ces individus remarquables, dotés de la passion et du talent nécessaires pour se consacrer pleinement à la propriété qu’ils gèrent. Il est essentiel de trouver ces bonnes personnes et de leur offrir les conditions de travail adéquates leurs permettant de poursuivre cette tâche passionnante consistant à élaborer de grands vins.
Ce métier est unique en son genre. Il est également crucial de les retenir, de veiller à leur épanouissement et de créer un environnement de travail propice en leur permettant de travailler dans une atmosphère harmonieuse, ce qui va inévitablement se refléter dans le vin.
G : Pour un grand cru, le bio est-il obligatoire ? Ou chacun fait comme il veut ?
CS : J’ai l’esprit très ouvert sur cette question, mais le bio n’est pas obligatoire pour un Grand Cru. Nous travaillons en biodynamie sur notre propriété en Bourgogne, et cela fonctionne bien. Ici à Pichon, nous sommes certifiés HVE 3 et nous avons abandonné l’utilisation d’herbicides et de pesticides depuis longtemps. Nous discutons beaucoup de ce sujet avec l’équipe. Jusqu’à présent, nous poursuivons une politique qui est la meilleure pour l’environnement dans les conditions de notre vignoble. Il y a surtout la question du contrôle du mildiou, qui représente un risque très important en raison de l’humidité de notre climat dans le Médoc. Nous résistons à l’idée de nous protéger contre le mildiou uniquement avec du soufre de cuivre. En effet, si nous optons pour le bio, nous devrons traiter beaucoup avec ces produits, et c’est la principale raison pour laquelle nous n’avons pas franchi le pas pour devenir biologique. Nous avons mis en place un programme extrêmement rigoureux pour protéger l’environnement, promouvoir la biodiversité et nous considérons que notre approche est la mieux adaptée à notre vignoble à long terme.
G : En 1982, 1990, ou même plus récemment 2009, 2010, les châteaux réalisaient de beaux rendements et des vins exceptionnels. Dernièrement, le sentiment prédominant est que cela n’est plus possible. Pour produire des vins d’exception, les propriétés sont-elles vouées à produire de faibles quantités ?
CS :C’est sur que les rendements sont bien différents sur 40 ans. Je gère Pichon Baron depuis 2001 et il est vrai que nous avons accepté des rendements plus faibles par rapport à ce qui se pratiquait auparavant. Dans les années 80 et 90, les rendements dépassaient facilement les 60 à 70 hl par hectare et aujourd’hui ici à Pichon, cela dépend bien sûr du millésime, mais nous sommes entre 30 et 40 hl/ha. C’est un changement très important, mais ce n’est pas notre souhait de poursuivre ces rendements bas. C’est uniquement le fait d’accepter un certain équilibre en respectant sa vigne et je crois qu’il existe une relation entre la quantité qui est demandée à la vigne et la qualité du produit final.
G : Mais le marché se sent parfois fois frustré. Quand on déguste maintenant les millésimes 1989 ou 1990 qui sont délicieux et qui ont donné des rendements importants, on se demande pourquoi cela n’est plus possible ?
CS : C’est vrai qu’à l’époque les vins étaient délicieux et ce qu’on ne saura jamais c’est comment ces mêmes vins auraient été si les vignes avaient produit 40 hl/ha au lieu des 60 à 70 hl/ha….
Propriétés et Marques
G : Vous comme moi, nous sommes plutôt spécialisés dans les grands vins, mais existe-t-il encore un avenir à Bordeaux pour les petits châteaux ?
CS : Je suis conscient que la situation est compliquée pour de nombreux producteurs, mais j’y crois fermement. Je pense que le négoce bordelais a un rôle crucial à jouer. La réputation de Bordeaux est principalement portée par un petit nombre de très grands domaines produisant des vins exceptionnels qui se vendent à des prix élevés. Cependant, Bordeaux est également capable de produire d’excellents vins offrant un excellent rapport qualité-prix.
Le principal défi pour tous ces petits producteurs est de commercialiser leurs vins.
Je crois que les négociants qui produisent des vins de marque, en achetant des vins de diverses petites propriétés de qualité à des prix justes, jouent un rôle très utile pour la région. Ils offrent à ces propriétés, qui n’ont ni la taille ni la volonté de parcourir le monde pour promouvoir leurs vins, un accès au marché. Pour certains vignerons, il est très important de vouloir rester indépendants et de viser la qualité, ainsi que de travailler sur la commercialisation. Ce travail de promotion et de vente constitue une part essentielle du travail d’un vigneron; mais il est coûteux et demande beaucoup de temps. Il est nécessaire de trouver la bonne formule pour chaque propriété.
G :Vous avez parcouru le monde et ses vignobles au cours de votre carrière et AXA Millésimes a des propriétés aux Etats Unis (2) au Portugal, en Hongrie. Mais Bordeaux a-t-il toujours beaucoup d’atouts ?
CS :Oui, bien sûr, nous sommes parfois confrontés à des questions de la part des journalistes ou de sommeliers qui prétendent que Bordeaux n’est plus aussi intéressant que d’autres régions. Je trouve que c’est parfaitement faux. Je comprends que Bordeaux jouit d’une grande réputation dans le monde pour la production de Grands Vins, et cette réputation est justifiée. Cela incite certains professionnels du vin à chercher ailleurs, simplement pour montrer qu’ils sont capables de trouver autre chose. Je comprends qu’un sommelier souhaite recommander non seulement un excellent Pichon Baron à son client, mais qu’il a également envie de parler d’un petit producteur pour montrer qu’il possède des connaissances plus vastes. C’est intéressant à faire, mais ce n’est pas nécessaire de dénigrer Bordeaux en même temps.
Malheureusement, cela arrive de temps en temps. Si l’on observe la réalité de Bordeaux, on se rend compte que c’est tout sauf ennuyeux. Bordeaux est une région très dynamique. Lorsqu’on examine techniquement le travail effectué chaque année dans nos vignobles et l’évolution au cours des 25 dernières années, on constate combien il est remarquable de voir comment nous avons transformé le métier de vigneron/producteur au fil du temps. Bordeaux produit des vins aussi grands qu’ils n’ont jamais été. La constance de cette qualité aujourd’hui est le fruit de la passion de milliers de professionnels remarquables. Cela fait de cette région l’une des plus dynamiques au monde. Heureusement, très souvent, les consommateurs reviennent toujours à Bordeaux et redécouvrent que nos vins sont merveilleux.
G :Votre père était un grand journaliste Anglais mais que pensez-vous des systèmes de notations des vins aujourd’hui ?
CS : Je trouve que la situation est plus saine qu’elle ne l’était auparavant, notamment pendant l’époque de Parker. C’était un seul journaliste qui dominait le marché. Le marché attendait ses notes et celles-ci pouvaient faire la réputation d’un millésime et du vin dans ce millésime. Tout se focalisait sur ses notes. Faire un vin, ce n’est pas seulement l’effort d’une équipe pendant une année, mais souvent celui des décennies précédentes. Il n’était pas très sain que tout cela soit jugé par un dégustateur en cinq minutes, et déplu avec un chiffre.
Aujourd’hui, c’est très différent. Il y a de nombreux professionnels de la dégustation talentueux, écoutés par le marché, et qui ne dégustent pas tous de la même manière. Il y a plus de diversité d’opinions, ce qui est plus sain en soi. Il faut souligner que l’époque Parker a marqué le début de l’intérêt de nombreux marchés pour les vins. Il n’est pas anodin que Parker ait commencé sa période d’influence en 1982, à un moment où les États-Unis découvraient les Grands Vins de Bordeaux. De nombreux consommateurs, manquant d’expérience, recherchaient cette assurance que procurait l’illusion de certitude, offerte par une notation chiffrée. Ayant beaucoup voyagé aux États-Unis depuis longtemps, j’entends maintenant les consommateurs dire : « Je ne consulte pas les notes des critiques, je sais quels vins j’aime, quelles propriétés je suis, et j’achète en fonction de mes propres connaissances. »
Grâce à Internet, il y a également beaucoup plus d’échanges entre les consommateurs, ce qui est formidable. L’opinion des négociants qui viennent déguster, joue également un rôle plus important. Un journaliste peut attribuer 97 points à deux vins, mais il est bien plus important de savoir ce qu’il a écrit sur ces deux vins. C’est cette analyse qui peut vraiment guider un choix et qui est bien plus importante que la note en elle-même.
G : La hiérarchie « qualité, désirabilité, et prix » entre grands crus bordelais vous semble-elle encore ouverte aux évolutions de nos jours ?
CS :Tout mon travail avec les équipes qui m’entourent dans les propriétés, est fondé sur l’idée qu’il est toujours possible d’aller plus loin dans la qualité. C’est grâce à cette croyance et à l’application de ce principe dans notre travail quotidien que Bordeaux a réalisé de grands progrès qualitatifs au cours des 25 dernières années. Il est indéniable que nous disposons aujourd’hui de vins d’un niveau de précision et de pureté supérieur aux normes de l’époque. Le progrès ne s’arrête pas et va continuer collectivement dans le bon sens. Il sera passionnant de voir où nous en serons dans 10 ans. Si l’on croit en cela, et je le crois profondément, il est évident qu’il y aura des opportunités pour certaines propriétés d’aller encore plus loin. La relation au sein de la hiérarchie changera également. C’est aussi la nature des choses : si quelqu’un progresse plus rapidement que son voisin, celui-ci fera de même. Cette concurrence entre les propriétés est extrêmement saine et positive.
La distribution aujourd’hui et demain
G : Autrefois, les châteaux commercialisaient la quasi-totalité de leur production en primeurs, est-ce que cette tendance est révolue ?
CS : Nous avons pris la décision de mettre moins de vins en Primeurs sur le marché depuis le millésime 2014. Auparavant, nous mettions 95 % de notre production en Primeurs. Aujourd’hui, c’est un peu plus de 50 %. Cette décision était importante et avait des coûts à court terme. Mais aujourd’hui, le bilan de cette expérience est extrêmement positif à Pichon Baron, et nous avons de très bons retours de la part de nos clients. L’avantage de cette approche est que nous offrons le choix à nos clients. Si un client souhaite acheter Pichon Baron en Primeurs, il le peut. Mais s’il n’est pas en mesure d’acheter en Primeurs pour une raison quelconque, ou s’il ne souhaite pas investir son argent maintenant pour un vin qui sera consommé plus tard, nous offrons la possibilité d’ouvrir des vins qui sont conservés au Château en attendant.
L’option est là. Bien évidemment, nous travaillons exclusivement avec la Place de Bordeaux pour les deux options. Cela offre différentes opportunités à nos partenaires de travailler avec nous, ainsi que deux possibilités aux clients.
G : Comment voyez-vous l’inflation des prix des plus grands domaines ces dernières années ?
CS :L’augmentation des prix des domaines viticoles les plus prestigieux, ici et ailleurs, est liée à une tendance à long terme, d’augmentation de la demande mondiale pour la liste relativement restreinte des plus grands vins du monde. Cette demande a progressé de manière constante au cours des 30 dernières années, avec des fluctuations, mais la richesse mondiale croissante incite les personnes à rechercher les vins figurant sur cette liste restreinte. À mon avis, cette demande continuera à croître. Nous possédons des propriétés dotées de terroirs exceptionnels, et notre mission est de prendre soin de ces domaines afin de produire les meilleurs vins dont ils sont capables. Pour l’investisseur, l’objectif financier est l’appréciation de la valeur foncière des propriétés viticoles. Si nous possédons de grands terroirs et que nous produisons de grands vins, la valeur foncière augmente. Historiquement, cela a été le cas, et je pense que ce processus va se poursuivre. Tout ce que nous faisons chez AXA Millésimes est fondé sur cette idée.
G : A Bordeaux, nous avons un système très particulier de Place. Ce système de distribution ouvert est-il un avantage pour les importateurs et distributeurs qui sont les clients du négoce ?
CS : Je suis un partisan et admirateur du système de la Place, surtout pour les Grands Vins de Bordeaux, et à Pichon Baron, nous travaillons avec d’excellents partenaires négociants. Parfois, pour quelqu’un qui vient de l’extérieur, ce système peut sembler curieux, et quelqu’un issu d’un autre métier pourrait penser : « On pourrait faire mieux ! » Cependant, après un certain temps, ces nouveaux arrivants réalisent que ce système, malgré ses défauts – car aucun système n’est parfait – a réussi à mettre en place une distribution capillaire et mondiale pour les propriétés qui y participent. Le meilleur exemple est ce qui se passe en Primeurs pendant une bonne année: lorsque la qualité est bonne, la demande est forte et le prix est bien choisi par la propriété. Le vin est mis en vente le matin, nos partenaires négociants le proposent dans la journée à leurs partenaires à travers le monde. Si tout se passe bien, à la fin de la journée ou dans les jours qui suivent, votre vin bénéficie d’une distribution mondiale.
Pour la propriété c’est un avantage colossal parce-que de faire tout cela avec une équipe commerciale dans le monde entier coutera une fortune par rapport à la marge relativement faible que les négociants prennent pour vendre en Primeurs. C’est un avantage pour la propriété et pour les distributeurs dans le monde. Car si on n’avait pas ce système capillaire et mondiale les propriétaires seraient obligées de demander un prix plus élevé pour leurs vins. Pour nos autres vins, comme Quinta do Noval, nous travaillons avec des distributeurs exclusifs par pays, pour la simple raison qu’il n’y a pas de Place de Bordeaux au Portugal. Nous avons donc choisi une distribution exclusive dans chaque pays, et cela fonctionne également. Nous avons des distributeurs fidèles depuis des décennies. Par exemple, notre distributeur au Danemark distribue Quinta de Noval depuis 135 ans, et j’apprécie énormément cette relation. La distribution exclusive peut fonctionner pour d’autres régions, mais ici, pour les Grands Crus, la Place est un très bon système.
G : Nous constatons un intérêt du marché pour l’arrivée sur la Place, de vins produits hors de Bordeaux ces dernières années. Comment expliquez-vous cette tendance ?
CS : Ce n’est pas un accident que tous ces grands producteurs avec leurs grands vins d’ailleurs viennent ici. Ils constatent que le système de la Place fonctionne bien, surtout pour les vins iconiques. Cependant on peut aussi constater que la Place n’est pas approprié à tous les vins.
Les Vins
G : Avez-vous en mémoire le souvenir d’un ou de plusieurs vins qui a (ou ont) marqué votre vie, en tant que grand dégustateur ?
CS : Comme je vous l’ai dit précédemment, c’est une cristallisation entre personnes.
Je pourrai parler du moment où mon père a écrit son premier livre sur les vins de Bordeaux. Je l’ai accompagné lors de la réalisation de ce livre et nous n’avions pas beaucoup de moyens. Je venais de quitter l’université et mon père avait reçu une avance pour écrire son livre. Lors des visites à Bordeaux il y avait parfois des moments magnifiques où nous étions reçus dans les châteaux, mais parfois nous devions nous débrouiller avec nos propres moyens et nos ressources limitées. Dans ces cas-là, nous descendions dans de très petits hôtels et partagions une chambre en mangeant dans de modestes restaurants. Un jour, à l’occasion d’une dégustation au Château Palmer, le gérant de l’époque nous a offert une bouteille de Palmer 1961. Il nous a dit que ce n’était pas un vin à déguster dans une salle de dégustation et de prendre cette bouteille, qu’il fallait du temps pour la savourer. Le soir, nous étions dans un petit hôtel avec un restaurant extrêmement basique à Lesparre et nous avons décidé d’ouvrir cette bouteille de Palmer 1961 qui était évidemment exceptionnelle. Mais il y avait aussi quelque chose dans ce moment entre mon père et moi, et le contraste entre l’absurdité de notre situation financière catastrophique et la générosité, l’opulence de ce vin qui rendait ce vin encore plus grand. Ce moment est resté gravé dans ma mémoire à jamais. Je me rappelle très bien que je lui ai dit: « les personnes qui ont fait ce vin ont accompli quelque chose d’extraordinaire ».
G : Que, selon vous, caractérise une bouteille d’exception ?
CS : C’est un vin mémorable, partagé entre des personnes. C’est un vin capable de cristalliser un moment de bonheur entre ceux qui le partagent, rendant ce moment encore plus mémorable.
G : Pourriez-vous dire quelques mots sur 2023
CS : J’aimerais le dire en Anglais « it is embarrassingly good ». Ce millésime n’a rien à voir avec 2022 qui a des caractéristiques très uniques. Le 2023 se situe chez nous entre le style de 2019 et 2020, avec l’élégance et la précision de 2019 et un côté légèrement plus expressif, mûr et ouvert de 2020. Cela sera un immense plaisir de goûter ce vin en Primeur.
Gerda BEZIADE a une incroyable passion pour le vin, et possède une parfaite connaissance de Bordeaux acquise au sein de prestigieux négoces depuis 25 ans. Gerda rejoint Roland Coiffe & Associés afin de vous apporter avec « Inside La PLACE » davantage d’informations sur les propriétés que nous commercialisons.